Créée pour six danseurs et un piano, Bruits Marrons puise sa force dans Evil Nigger (1979), pièce minimaliste, radicale et lumineuse du compositeur Julius Eastman. Noir et queer, longtemps maintenu à la marge, Eastman a investi sa musique d’une intensité politique inédite. Calixto Neto embrasse cette œuvre à bras-le-corps, pour en révéler les tensions, la complexité et la force expressive.
Le piano, instrument colonial par excellence, est déplacé, détourné. Le marronnage, en filigrane, est ici entendu comme un geste de création : un mouvement de fuite et d’affirmation, de rupture et de réparation. En puisant dans les archives du corps et les mémoires noires, six interprètes dansent les tensions, les colères et les utopies d’un héritage marron traversé de rage et de beauté. La scène devient un territoire de réinvention, de soin et de complicité. Une exploration radicale et poétique du tumulte, où la musique devient territoire de lumière et de révolte partagée.