Dans le plus simple appareil, le comédien Pierre Maillet livre une performance unique en son genre. Avec les mots de Patricia Allio, il renverse les habitus pour faire l’éloge d’un nomadisme de l’identité et en finir avec les assignations de tout poil.
Depuis sa création en 2007, la “conférence queer” du tandem Allio/Maillet a connu des métamorphoses, et cette plasticité de la forme s’accorde parfaitement au propos défendu par l’autrice et son interprète qui veulent “penser le caractère mutable et pluriel de l’identité”. Bien que reposant sur une base d’étymologies fantaisistes et de jeux de langage réjouissants, cette conférence performée, à la logique argumentative déviante voire délirante, produit un paradoxal effet de sérieux et nous rappelle qu’on habite d’abord la langue. Parce qu’il part du principe que tout est politique, parce qu’il promeut le décloisonnement entre les sexes et les genres, parce qu’il parle du corps et pourfend l’hétéronormativité dominante, Habiter est un spectacle profondément queer, autrement dit : libre.