Entre tumulte et repos, les mouvements des danseurs et danseuses se réorganisent sans cesse. Entre ivresse et extase, les corps s’abandonnent au mouvement répétitif, et s’agencent. Du groupe naît le solo, le duo et le trio. Et de ces formes réapparaît le groupe, l’unisson.

Passée par l’école du CNDC sous l’ère Bouvier-Obadia, formée sous les regards entre autres de Mathilde Monnier et de Carolyn Carlson, Élise Lerat s’est plongée dans les textes pour créer une matière forte et fluide, maîtrisée et débridée. Nietzsche et sa Naissance de la tragédie sont ici convoqués : se jouent le combat entre la droiture d’Apollon et le chaos dionysiaque. “L’un sans l’autre n’existerait pas. Et puis il y a la présence du chœur antique : c’est de la danse, de l’extase et de la fête d’un groupe que naît l’individu.”

Gilles Deleuze et son concept du plan d’immanence (les choses naissent d’un sol fertile) a aussi été une source d’inspiration pour la chorégraphe qui insiste toutefois sur le côté très charnel de sa danse, très physique. Sur une musique créée en live, les cinq interprètes foulent un terreau de lichens et de lauriers comme iels retournent ce terreau sensible et philosophique.