Sur le plateau, une muraille de déchets accumulés dans la pénombre. Trois personnages y évoluent, créent, fusionnent. Parfois, le sol se dérobe sous leurs pieds, mais iels continuent et s’adaptent : dans ce quotidien qui mute en permanence, l’humain est devenu l’élément le plus stable de son écosystème. Comme souvent chez Théo Mercier, l’installation se fait décor et la scénographie se transforme en sculpture: collaborant avec les déchèteries locales, chaque représentation devient l’occasion d’un décor composé à partir des rebus du territoire dans lequel il s’inscrit. En recyclant ces traces d’une jouissance furtive et destructrice, le plasticien et metteur en scène cherche le déplacement pour mieux réinventer les rituels de regard. Que faire pour résister au désastre? Si le mythe est dystopique, la chorégraphie est pleine d’espérance: faire revivre la matière morte et cultiver des rapports charnels sans avoir peur de la transgression. Un érotisme de la relation au monde et à l’autre, comme une possible échappatoire.