Se plier au protocole et devenir reine, ou s’émanciper des carcans politiques et religieux ? Tel est le dilemme qui se pose à la sulfureuse fille-Roi Christine. Christophe Rauck donne un écrin glacial, esthétiquement captivant, au texte cru et lyrique de l’écrivaine suédoise Sara Stridsberg.

Ça se passe à la Cour royale de Stockholm, au XVIIe siècle. Destinée à accéder au trône depuis la mort de son père alors qu’elle était enfant, Christine refuse obstinément de se soumettre au protocole. Intelligente, magnétique, sanguine, qualifiée d’anomalie tant sa liberté va à l’encontre de ce que l’on attend d’une femme, elle est pleine de paradoxes, à la fois traversée par ses passions amoureuses et transfigurée par des pulsions despotiques. C’est un ballet puissant et hypnotique qui tourne autour de cet être hors du commun, superbement interprété par Marie-Sophie Ferdane. Christophe Rauck avait mis en scène un autre texte de Sara Stridsberg, La Faculté des rêves, biographie-fiction sur Valérie Solanas, une autre femme d’exception. Ici encore, l’écriture est poétique, puissante, sans fioriture; le jeu, élégant; la scénographie, qui enferme Christine dans une prison de verre, nous aspire dans un tourbillon onirique d’une beauté renversante.

Jeudi 1^er février: rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation