Un cadre champêtre Outre-Maine



Le quartier de la Doutre, désignant la rive « Outre Maine » face au centre d’Angers, présente un patrimoine riche et diversifié. Organisé en bourg monastique à partir du XIe siècle, il se développe suite à la fondation de l’abbaye Notre-Dame de la Charité (actuelle abbaye du Ronceray).Très prospère, le quartier évolue rapidement profitant de la proximité de la rivière pour ses activités. À la demande d’Henri II Plantagenêt,l’hôpital Saint-Jean est fondé vers 1180 au nord-est du quartier. Au XIIIe siècle,cette rive droite est insérée dans la vaste enceinte de saint Louis qui enveloppe désormais toute la ville. Le quartier s’organise en deux secteurs inégaux : l’un à vocation commerçante et artisanale autour de la rivière ;l’autre plus résidentiel. Les notables angevins sont attirés vers les hauteurs du nord-ouest du quartier, par le cadre champêtre, propice à l’édification de grandes demeures. Ils délaissent donc progressivement la partie basse au profit des artisans et ouvriers.Différentes communautés religieuses suivent également ce mouvement et s’y installent, les Augustins au XIVe siècle, puis les communautés réformées du Calvaire et du Carmel. Au nord du passage de la Censerie,la présence de nombreux hôtels particuliers atteste le caractère résidentiel de ce secteur. Souvent disposés entre cour et jardin et protégés de la rue par de hauts murs de clôture, ils sont bâtis dans des matériaux locaux : le schiste et le tuffeau réservé principalement aux chaînages, corniches et lucarnes.Cette architecture de grands logis en pierre contraste avec les maisons en pans-de-bois des commerçants et des artisans largement représentées autour de la place de la Laiterie.
1- Hôtel de Beauvau, puis hôtel
de Montiron (XIIe-XIXe s.)
7-9, bis rue de la Harpe
L’hôtel de Montiron est à l’origine un vaste manoir médiéval. Construit au XIIe siècle, il est l’un des plus importants témoins de l’habitat médiéval à Angers. Il conserve une porte monumentale visible sur le pignon sud-ouest, depuis l’impasse du Sauvage qui formait l’accès primitif. De style roman, ce portail est constitué d’une large voussure* en plein cintre,reposant sur des colonnes à chapiteaux sculptés. Identifié comme un manoir seigneurial, ce logis est propriété du couvent des Augustins du XIVe siècle à la Révolution. Avec le développement du quartier, l’édifice se voit transformé.L’entrée est réorientée vers une cour d’entrée rue de la Harpe. Au XVIIe siècle le logis, que l’on peut désormais qualifier d’hôtel, connaît d’importants travaux, telles la surélévation du logis,la construction de l’aile gauche entre cours d’honneur et des communs, et l’édification du grand portail sur rue. Les derniers gros aménagements sont réalisés au XIXe siècle avec l’ajout de l’aile droite, expliquant l’actuelle configuration. Il appartient aujourd’hui à la congrégation des Servantes des Pauvres.