L'Hôtel Demarie, origines

Actuel Muséum des sciences naturelles

L’hôtel Demarie est implanté sur une butte rocheuse autrefois occupée par le cimetière et l’église paroissiale Saint- Michel-du-Tertre, où les plus grandes familles municipales et judiciaires avaient leur chapelle funéraire. Cet édifice médiéval fondé vers le Xe siècle fut ruiné à la Révolution et définitivement détruit en 1796. Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques traces archéologiques, un caveau sous le jardin et les gros murs de la sacristie. Ceux-ci furent remployés dans l’hôtel Demarie pour des pièces de service, cuisine et laverie.

Sur ce site topographiquement complexe, Jean-François Demarie, ingénieur des Ponts et Chaussées, se construisit peu avant 1800 une demeure fort originale. Son décor intérieur restait à compléter lorsqu’il la vendit en 1810 à Pierre Giraud, riche industriel et propriétaire des manufactures de toiles d’Angers et de Beaufort. Puis l’édifice fut acquis vers 1881 par Alexandre Fairé, déjà dans les lieux depuis une vingtaine d’années. Les héritiers de cet illustre avocat et homme politique (adjoint au maire d’Angers Achille Joubert et plusieurs fois député) s’en défirent, à sa mort en  1908, au profit du médecin Paul Turpault ; sa fille Elisabeth Turpault-Valentin le céda à la ville d’Angers, en 1958 pour l’aménagement du Muséum d’histoire naturelle.

Sur la rue…

"Du chemin de ronde du château, on voit s'étaler la ville, si caractéristique avec ses cheminées de briques sur le fond bleu des toits, la ville qui mêle maintenant au matériau le plus tendre, le tuffeau, l'un des plus résistants, le schiste".  Armand Lanoux / Le voyageur de la Loire, Paris, Hachette, 1965

 

De prime abord, cette demeure ne donne pas l’apparence d’un hôtel. Le corps de logis sur rue est occupé par des boutiques (n° 39 à 49) et des logements au-dessus pour les commerçants. Ces parties locatives indépendantes évoquent une disposition déjà connue dans les hôtels parisiens du XVIIIe siècle. L’une des boutiques (au n° 49) était accostée d’une allée cochère desservant une petite cour de communs et l’écurie.

Plan géométrique et cheminement pittoresque

La distribution intérieure, savante et habilement adaptée au site escarpé, donne lieu à un surprenant parcours pour pénétrer au coeur du logis. De la porte d’entrée, un escalier à deux longues volées droites mène à une cour d’entrée circulaire à ciel ouvert et couverte seulement en 1958 pour le musée. Selon un parti théâtral, cette cour intérieure est dominée par un balcon périphérique sur lequel s’ouvrent les salles de réception et les appartements de l’étage noble. Cet étage supérieur est placé de plain-pied sur le jardin et accessible par un bel escalier courbe, auquel répond le mur sud, en contre-courbe, du vestibule. Bordé d’une colonnade sur le jardin, celui-ci dessert en symétrie le salon et la salle à manger, pièces octogonales couvertes d’une coupole éclairée par des oculus. Le salon conserve sa cheminée d’origine, mais le décor peint en trompe-l’oeil et la corniche ornée de chauve-souris de la coupole  appartiennent aux compléments décoratifs effectués sous Napoléon III ou peu après ; des angelots en grisaille portent les attributs des arts, accompagnés du nom de grands artistes, dont des modernes romantiques comme le compositeur Weber ou le sculpteur Pradier.

Sur le jardin…

En communication avec les appartements (des époux probablement) éclairés sur la cour intérieure, ces deux remarquables salles sont aussi en liaison avec les ailes sur le jardin : leurs élévations en vis-à-vis, où alternaient niches – disparues - et fenêtres, sont ponctuées aux extrémités d’avant-corps à la manière de petits temples, en écho à la colonnade centrale du vestibule. L’ensemble n’est pas sans évoquer un atrium (cour intérieure) de villa romaine, avec une pointe d’orientalisme sur les premiers projets qui prévoyaient des toits « en pagode » au dessus des coupoles. La qualité de ce plan d’une géométrie rigoureuse et des façades à l’antique, d’influence palladienne*, font de cet édifice une œuvre unique du néo-classicisme* angevin sous le Premier Empire.
Le jardin en terrasse adossé à l’enceinte urbaine du XIIIe siècle domine d’une dizaine de mètres le boulevard Carnot, face à l’actuel centre de congrès : il constitue une charmante promenade au sein du parcours muséographique des collections établies dans cet édifice et dans l’ancien hôtel de ville.

 

Découvrez l’hôtel Demarie, Muséum des sciences naturelles

43, rue Jules Guitton - Tél. 02 41 05 48 50

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