L’ÉGLISE PAROISSIALE DE LA TRINITÉ
Des voûtes originales de style Plantagenêt
Architecture et décor élaborés
Inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée citait l’église de la Trinité comme « l’une des plus élégantes de cette ville » et intervint pour sa protection dès 1840. Elle fut fondée dans la deuxième moitié du XIe siècle par les abbesses du Ronceray, pour remédier à l’accroissement du nombre de fidèles dans leur abbatiale, siège de la paroisse. Reconstruite dans la deuxième moitié du XIIe siècle, l’église a conservé quelques traces de sa première construction sur le mur extérieur nord. Edifiée le long de la voie commerçante et autrefois bordée par des maisons à pan-de-bois, elle est partiellement imbriquée dans le chevet du Ronceray. En entrant dans la Trinité, la grande chapelle à gauche de la nef n’est autre que la chapelle sud du choeur de l’abbatiale du Ronceray.
Dans la tradition angevine, cette église paroissiale présente un plan roman à nef unique ouvert sur un étroit sanctuaire par un arc triomphal flanqué de deux passages berrichons*. La nef, très particulière, est rythmée par une succession de chapelles alvéolées, peu profondes, voûtées en cul-de-four, creusées dans l’épaisseur du mur.
L’élan vertical de l’espace amène le regard sur les voûtes fortement bombées de style Plantagenêt, dites aussi angevines, où sont associées pour la première fois ogives et liernes*. L’intérieur étonne par la disproportion de plan et d’ornementation entre la nef, spacieuse et richement ornée, et le choeur beaucoup plus modeste. Cela peut probablement s’expliquer par le nombre de paroissiens de la Doutre, alors qu’un choeur peu développé suffisait à accueillir les quelques prêtres.
Caractéristique du roman fleuri du milieu du XIIe siècle, le décor sculpté essentiellement ornemental et végétal évoque celui des abbayes angevines Saint-Aubin et Saint-Nicolas. Le clocher de croisée, construit en 1540, est attribué à Jean de l’Espine, grand architecte angevin de la Renaissance. Il a été enrichi au XIXe siècle dans ses angles de statues des évangélistes, aujourd’hui entreposées à l’entrée de l’église. L’ensemble du monument, architecture et décor sculpté, fut fortement restauré par l’architecte Charles Joly-Leterme entre 1864 et 1880.
Un mobilier riche et varié
La majorité du mobilier est aujourd’hui exposée dans l’entrée de l’église. L’escalier en bois sculpté, provenant de l’ancienne tribune d’orgue (ou d’un jubé*), est une oeuvre typique de la première Renaissance. Le décor reprend les motifs italianisants de cette période : bustes d’hommes et de femmes ceints d’une couronne, vases et candélabres, peuplés d’animaux marins ou fantastiques… Des anges portant les instruments de la Passion soutiennent les colonnettes de l’escalier en vis. Témoin de l’étroite relation entre le Ronceray et la Trinité, une pierre tombale en calcaire dur (au décor incisé) de Renée Sarazin, abbesse du Ronceray de 1493 à 1499, est visible dans l’escalier menant à la crypte. Le mobilier fut complètement renouvelé lors de la restauration du XIXe siècle. Le maître-autel en pierre polychrome de style néo-roman, initialement couronné d’un baldaquin en bois, provient d’un atelier local de sculpture. Il comporte au sommet une représentation de la Trinité, au centre les douze apôtres entourant le Christ inscrit dans le tabernacle et dans les niches inférieures, l’Église catholique encadrée par Adam et Moïse.
On doit les vitraux du transept et du choeur au maître verrier angevin Thierry fils. Les plus remarquables sont ceux du transept consacrés à la vie de la Vierge. Ces vitraux datent des années 1860. Les médaillons, spécifiques du vitrail dit archéologique, reprennent la composition et la couleur bleue propres au XIIIe siècle.