Pierre-Jean David d'Angers (1788-1856)

Le roi René, 1846, bronze
Boulevard du Roi-René

David d’Angers, enfant du pays, fut l’un des sculpteurs majeurs de la première moitié du XIXe siècle. Né à Angers en 1788 et fils d’un sculpteurornemaniste, le jeune Pierre-Jean David est remarqué à l’école de dessin d’Angers. Il s’installe à Paris pour suivre la formation de l’école impériale des beaux-arts en 1808 où il fréquente l’atelier du sculpteur Philippe-Laurent Roland. Puis, il intègre l’atelier du peintre Jacques-Louis David. Il est reçu premier au concours du prix de Rome en 1811. De retour de Rome, il entame une carrière artistique à Paris, recevant de nombreuses commandes.

En 1842, le comte Théodore de Quatrebarbes, auteur des OEuvres complètes du roi René (Angers, 1844-1846), commande à Pierre-Jean David pour la Ville d’Angers une sculpture du roi René (1409-1480), duc d’Anjou. Le bronze est coulé en 1846 mais la sculpture n’est inaugurée qu’en juin 1853. Contrairement à la sculpture du roi René d’Aix-en-Provence, aussi réalisée par l’artiste angevin (1819), le roi est ici représenté jeune, en chevalier. Le socle est orné de douze figures marquantes de l’histoire de l’Anjou telles que Foulques Nerra ou Henri II Plantagenêt.

Buste du docteur Garnier, 1846, bronze
Place de la Laiterie

Les portraits en buste constituent une part importante de l’oeuvre du sculpteur angevin. Produits majoritairement en dehors des circuits officiels des grandes commandes publiques, ces portraits sont pour lui l’occasion de rendre hommage aux hommes qu’il juge dignes de passer à la postérité. Ses modèles incarnent des exemples de vertu que le public doit suivre. Ses héros sont surtout ses contemporains.

Le buste colossal du médecin angevin François-Claude Garnier (1759-1844) a été réalisé en 1846 et installé sur la fontaine de la place de la Laiterie en 1872. De nombreux autres bustes de David d’Angers sont exposés dans la galerie David d’Angers, rue Toussaint.

François Morellet (1926-2016)

Pi piquant de façade, 1=12°, 2006, 15 tubes d’argon bleu de 140 cm
Musée des Beaux-Arts, façade du bâtiment des réserves

François Morellet est l’un des représentants majeurs de l’abstraction géométrique, fondateur en 1960 du groupe de recherche d’art visuel (GRAV). Après une brève période figurative à ses débuts, Morellet se tourne vers l’abstraction. Depuis 1952, son oeuvre est fondée sur une conception systématique de l’art. Désireux de réduire au maximum sa responsabilité de créateur, il met en place des règles et des contraintes qui, associées au hasard, à la rigueur, à la neutralité de l’exécution, à l’absence de message, produisent des oeuvres d’une grande diversité. Peintures, sculptures, estampes, néons, installations et intégrations architecturales composent une oeuvre en perpétuelle évolution, à laquelle la dérision, la légèreté et l’humour des titres donnent une saveur supplémentaire.

Au sein du système des Déclinaisons de Pi, le Pi piquant de façade, 1=12°, appartient à la série des "Pi piquants". Offert au musée au moment de l’exposition que celui-ci lui a consacré pour ses 80 ans en 2006, il utilise le néon, matériau que Morellet a intégré dans ses oeuvres dès 1963. Il y décline des "cheminements de Pi", cette "figure infinie au cheminement imprévisible qui se génère lui-même".

Igor Mitoraj (1944-2014)

Per Adriano, 2004, bronze
Place Saint-Éloi

Per Adriano est un visage déchiré, écorché. On n’en distingue que la bouche, le nez et le regard vide. Le reste est absent. Dans l’oeuvre d’Igor Mitoraj, formé à l’Académie des beaux-arts de Cracovie puis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, les fragments de corps témoignent de la fragilité et de la précarité de l’existence humaine. "Mes corps sont abîmés, car c’est notre vie qui est abîmée. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, on s’isole, il n’y a plus vraiment de relations entre les
gens."

L’artiste a pour thème de prédilection le corps humain: ses sculptures, souvent monumentales, traduisent, par, leur idéalisation, l’influence majeure de la statuaire de l’âge classique grec. Ses sculptures investissent l’espace public. Il connaît d’ailleurs un grand succès par une installation aux jardins de Boboli du palais Pitti à Florence en 1999 puis au jardin des Tuileries à Paris en 2004.

Niki de Saint-Phalle (Catherine-Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle, dite, 1930-2002)

L’Arbre-Serpents, 1992, épreuve d’artiste, tirage unique, moulage, gel-coat et résine polyester/fibres de verre, peinture et vernis, 3,15 x 3,56 x 2,28m
Musée des Beaux-Arts, terrasse vers le jardin des Beaux-Arts

D’abord mannequin, puis artiste autodidacte, Niki de Saint-Phalle est peintre, sculpteur, performer puis réalisatrice de films. Elle commence à peindre en 1952 puis rejoint en 1961 le groupe des "Nouveaux réalistes". Épouse du sculpteur Jean Tinguely (1925-2001) elle réalise avec lui un grand nombre de sculptures-architectures, dont la Fontaine Stravinsky près de Beaubourg à Paris. Très curieuse d’expérimentations, elle s’intéresse à des matières nouvelles, dont les polyesters et la résine. Avec son art très coloré, elle veut étonner, amuser, faire rêver. Elle revendique la présence de l’art dans les espaces accessibles à tous, avec des oeuvres parfois habitables.

En 1992, elle réalise l’Arbre-Serpents, un arbre de vie mais aussi un serpent aux multiples têtes. Conçu au début pour être une fontaine, il n’a jamais été mis en eau. Il célèbre la vie et la couleur, mais il exorcise aussi un souvenir d’enfance très douloureux, représenté par la figure du serpent. Sa place sur la terrasse du musée des Beaux-arts est désormais emblématique du lieu.

Jules Desbois (1851-1935)

Monument aux morts d’Angers, 1922, bronze (socle en pierre)
Place du Général-Leclerc

Dès 1919, la Ville d’Angers commande au sculpteur Jules Desbois un monument pour célébrer les morts de la Première Guerre mondiale. Le monument en bronze est inauguré en place publique le 29 octobre 1922. D’abord installé à l’entrée du jardin du Mail, le groupe est déplacé en 1988 devant le palais de justice.

Jules Desbois, originaire de Parçay-les-Pins (Maine-et-Loire), s’est formé à l’École des beaux-arts d’Angers puis celle de Paris. Il fut praticien dans l’atelier d’Auguste Rodin, et reprend largement sa manière dans son oeuvre. Loin des affirmations triomphantes de la victoire sur les Allemands, cette sculpture exacerbe la souffrance de la Patrie, campée en paysanne éplorée sur le corps d’un soldat mort. Le groupe est surmonté d’une figure de Victoire ailée.

La composition de la Patrie et du soldat s’ancre dans la tradition ancienne de la Piéta et du sacrifice qui lui est associé. Le corps de la femme retombe sur celui du défunt, tout en l’entourant: c’est au prix de cette souffrance humaine que s’est jouée l’issue du conflit de 1914-1918. Les femmes ont perdu leurs fils et leurs maris dans les tranchées, pour une victoire sans rachat de l’Humanité – contrairement à la piéta chrétienne.

Eugène Guillaume (1822-1905)

Monument à Michel-Eugène Chevreul, 1893, bronze
Entrée du jardin des Plantes

La statue en bronze de Michel-Eugène Chevreul est inaugurée en 1893, au jardin des Plantes. Elle est fondue par les élèves de l’École nationale d’arts et métiers d’Angers. Elle rend hommage à une personnalité importante de la ville, née à Angers le 31 août 1786 et issue de l’une des plus anciennes familles de l’Anjou.

L’homme est représenté assis, en costume d’époque. Il est assez âgé et avait originellement une canne qui a aujourd’hui disparu. Cette oeuvre s’inscrit dans une tradition académique propre au sculpteur Eugène Guillaume, élève de James Pradier mais aussi de Jules Cavelier et de Louis-Ernest Barrias à l’École des beaux-arts de Paris.

Après ses études à l’École centrale d’Angers, Chevreul se rend à Paris en 1803 et est rapidement nommé aide naturaliste au Muséum national d’histoire naturelle du jardin des Plantes de Paris. Mais c’est surtout en tant que directeur de la manufacture des Gobelins qu’il se fait connaitre en menant des recherches sur les contrastes des couleurs, recherches qui ont servi de "bible" aux peintres romantiques et impressionnistes durant tout le XIXe siècle et le début du XXe siècle.

François Cacheux (1923-2011)

La Matinée, 1993, bronze
Jardin des Plantes

Très jeune élève du sculpteur Robert Wlérick (1882-1944), puis de Charles Despiau (1874-1946), François Cacheux est un sculpteur résolument figuratif qui consacre la majorité de son oeuvre à la figure féminine, à la célébration de la vie et du mouvement.

Après avoir remporté le Prix de la Villa Abd-El-Tif en 1954, il s’installe pendant trois ans à Alger, puis à son retour est nommé professeur à l’École des beaux-arts de Clermont-Ferrand. Il dirige ensuite l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg pendant trente ans, avant de s’installer près d’Angers dans les années 1980. La Ville d’Angers lui passe plusieurs commandes de sculptures, dont un Jean Moulin monumental. Un musée de sculptures en plein air est inauguré à l’Arboretum en 2001, augmenté en 2005 de l’"Espace Cacheux" dans l’Orangerie, qui abrite les esquisses, dessins et pastels.

La sensualité et l’érotisme de cette oeuvre sont caractéristiques de l’art du sculpteur.

Séraphin Denécheau (1831-1912)

Femme caressant une chimère, salon de 1866, bronze
Jardin des Plantes

Étudiant à l’École des beaux-arts d’Angers puis élève de Rude et de David d’Angers à Paris, Séraphin Denécheau a participé aux grands chantiers parisiens du XIXe siècle: entre autres, le palais du Louvre, l’Opéra, la gare du Nord.

Sa sculpture Femme caressant une chimère puise dans le répertoire mythologique et allégorique qui lui est familier. Une femme nue entoure de son bras gauche la tête d’un animal fantasmagorique sur lequel elle est allongée. L’artiste joue de l’opposition entre le corps lisse et sensuel de la femme, aux formes généreuses, et les poils, les plumes et les écailles de la chimère qu’elle enlace –ou étouffe? Ses cheveux se confondent avec la crinière de la bête. Le mouvement de l’échine de cette dernière relève le buste de la femme pour mieux exhiber ses courbes. Les deux corps vivants expriment ainsi le désir, entre tension et abandon.

Le bronze d’Angers a été fondu à partir d’un plâtre présenté au Salon de 1866 et lors de l’Exposition universelle de 1867. Déposée par l’État au musée d’Angers dès l’année suivante, la sculpture est installée en 1914 dans le jardin du Mail. Depuis 1859, date de la création du jardin, celui-ci s’était régulièrement enrichi de sculptures, pour devenir, à l’image du jardin du Luxembourg ou celui des Tuileries à Paris, un musée de sculptures en plein air. La sculpture est déplacée au jardin des Plantes en 1956.

Pierre-Alexandre Rémy (1978-)

Plandesplantesenpli, création in situ 2014, acier inox et aluminium thermo-laqué – Dépôt P-A Rémy
Jardin des Plantes

Pierre-Alexandre Rémy a été formé à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art Olivier-de-Serres, puis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Entre sculpture et dessin dans l’espace, son travail interroge le lieu dans lequel il est exposé. Dans le petit bassin du jardin des Plantes à Angers, sa sculpture est posée à fleur d’eau. L’oeuvre produite pour la manifestation "Îles urbaines", en 2014, conjugue les formes et les couleurs du plan du jardin des Plantes d’Angers.

La base de l’oeuvre reprend le plan originel du jardin d’Édouard André tandis que les volumes évoquent les inclinaisons et la topographie du lieu. Les couleurs sont un écho à la frondaison des arbres et au ramage des oiseaux. Abstrait et coloré, le travail de l’artiste entretient un rapport au plein et au vide. Il se déploie souvent comme élément graphique qui vient interrompre et perturber notre regard.

Bernard Perrin et André Hogommat

La Rose des sables, 1974, tôle cuivrée sur charpente en laiton, socle en ardoise
Place François-Mitterrand

Commandée à deux artistes parisiens, Bernard Perrin et André Hogommat, cette oeuvre est disposée en décembre 1974 pour parachever la mise en valeur de la place du Ralliement. Elle représente une rose des sables.

Découvertes dans les déserts, les roses des sables sont constituées d’une roche, généralement du gypse, qui évoque les pétales d’une rose. Celle d’Angers est formée, quant à elle, de tôle cuivrée sur une ossature en laiton.
Malgré ses 3,5 tonnes et ses 6,50 mètres de haut, cette oeuvre monumentale quitte la place du Ralliement le 13 janvier 1994. Après une année passée dans les ateliers de la voirie et une restauration, elle est réinstallée place Saint-Serge, aujourd’hui place François-Mitterrand, et mise en eau à l’intérieur d’un bassin de pierre de schiste. En juin 2009, elle est à nouveau déplacée en raison de l’installation des rails du tramway et est réinstallée l’année suivante à une dizaine de mètres de là.

La Rose des sables fait partie des "sculptures-fontaines", nombreuses à Angers, au même titre que, entre autres, Le Messager de Gualtiero Busato (place La Fayette), Aqua Familia de Jacques Tempereau (avenue Yolande-d’Aragon) ou La Naissance de Vénus de Jacques Coquillay (place de la gare).

Fragment du Mur de Berlin

Esplanade du cinéma Multiplexe, 1, avenue des droits-de-l’Homme

Ce fragment du mur de Berlin (1961-1989) est situé en bordure de Maine face au quai Félix-Faure. Il mesure 3,60 mètres de haut pour 1,20 mètre de large et pèse plus de 3 tonnes. Il est constitué de béton armé recouvert de graffitis peints.

D’abord intégré à l’oeuvre sonore Speakers Wall de l’artiste Benoît Maubrey, il est montré au théâtre le Quai dans le cadre du festival des Accroche-coeurs en 2011 puis est installé en 2012 à sa place actuelle.

Cet élément appartient au "Mur de la Honte" érigé à Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République Démocratique Allemande (RDA) pour mettre fin à l’exode de ses habitants vers la République Fédérale d’Allemagne (RFA). Le mur sépare la ville en deux parties Est et Ouest sur 155 km de 1961 à 1989. Le long de ce mur, 302 miradors et plus de 14000 gardes est-allemands étaient postés afin d’empêcher la population de rejoindre la partie pro-occidentale.

Pour des raisons politiques, le mur "tombe" dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, permettant à des milliers d’est-Allemands de franchir la frontière. L’architecte allemand Helmut Jah, oeuvrant pour la société Sony, décide par la suite, en accord avec la Ville de Berlin, que 66 morceaux iraient dans de grandes villes militant en faveur de la réconciliation des peuples.

Cet élément du mur, avec ses traces de graffitis, porte encore les stigmates historiques de l’expression du peuple allemand. Il est devenu aujourd’hui symbole de liberté.

Hippolyte Maindron (1801-1884)

Velléda, salon de 1839, terre cuite
Jardin de l’hôpital Saint-Jean

Cette ronde-bosse représente la druidesse armoricaine Velléda (Ier siècle de notre ère), identifiable à ses traditionnels attributs: la serpe, la lyre, la couronne de fleurs magnifiant sa longue chevelure, la courte tunique celte et l’abondante parure. Ses lourdes mèches se confondent avec l’écorce de l’arbre sur lequel elle s’appuie, pensive, dans l’attente de son bien-aimé, l’officier romain Eudore.

L’artiste emprunte cet épisode à l’ouvrage de Chateaubriand, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne (1809). Le contrapposto (déhanchement) emprunté à la statuaire gréco-romaine se fait ici posture lascive et le chiton (vêtement antique) s’est transformé en courte tunique, dans une interprétation toute romantique de la figure féminine. Maindron semble hésiter entre la mélancolie de l’amante éplorée (ce qu’exprime son corps) et la fureur de la druidesse qui a lutté pour libérer son peuple (visible notamment sur son visage, dans son regard sévère et à sa lèvre pincée).

La sculpture a été présentée au salon de 1839. Cette version en terre cuite, installée dans les jardins de l’hôpital Saint-Jean, est une copie du plâtre préparatoire exposé au musée des Beaux-arts, moulée et donnée par Auguste Giffard à la Ville en 1883.

Jacques Tempereau (1945-2006)

Aqua Familia, commande de la Ville d’Angers, 2000, sculpture fontaine, résine et inox
Rond-point de l’avenue Yolande-d’Aragon

L’artiste, né à Saumur, entreprend d’abord une carrière de paysagiste avant de s’investir dans la sculpture à partir de 1990. Avec cette oeuvre, il imagine et concrétise une grande fontaine où cinq sculptures monumentales, animées par l’eau, tournent sur elles-mêmes, au rythme du temps, le pourtour du bassin concrétisant le cadran.

La grande sculpture centrale, fixe, fait référence à la Vénus nourricière, à l’origine de la vie. Douze sources en jaillissent comme 12 mois, 12 heures... Les quatre autres sculptures mobiles font référence à la famille: le père, la mère, et les deux enfants également animés par l’eau. "Aqua" et "Familia", eau et famille, sont en effet pour l’artiste les sources de vie. Elles font également référence aux derviches tourneurs (membres d’un ordre musulman fondé au XIIIe siècle dont la danse évoque celle d’une toupie). La couleur dorée peut évoquer l’art sacré mais aussi l’art profane car pour l’artiste l’oeuvre "est un bijou d’or offert en parure à l’avenue Yolande d’Aragon". Les formes figuratives rappellent les arts des civilisations primitives, néolithiques, anatoliennes, égyptiennes, des Cyclades ou bien africaines.

Maximilien Bourgeois (1839-1901)

Beaurepaire, tirage de 1987 d’après un modèle de 1884, bronze
Pont de Verdun

Dès 1836, David d’Angers forme un vaste projet sculptural destiné à l’entrée de la promenade du Mail. Il propose d’y honorer diverses personnalités d’Angers, dont le roi René. Cependant, la municipalité angevine n’est pas favorable à la réalisation d’une sculpture en l’honneur d’une figure monarchique, et lui préfère la figure du républicain Beaurepaire, plus en adéquation avec ses idées politiques. David d’Angers, républicain dans l’âme, n’y voit aucun inconvénient. Il veut rendre hommage à ce héros de la Révolution française qui organisa la défense de la ville de Verdun et qui se donna la mort en 1792 à la suite de la défaite face aux Prussiens. David d’Angers écrit à son propos: "L’homme qui a donné un si sublime exemple d’honneur national dans cette crise unique de l’histoire des peuples."

Le projet n’aboutit pas, faute de financement, et il faut attendre le 14 juillet 1889 pour que le monument, réalisé par Louis-Maximilien Bourgeois, soit enfin inauguré sur le pont de Verdun. Beaurepaire est représenté debout, en uniforme. Une jambe en avant, il appuie sa main gauche sur son épée tandis que sa main droite est ramenée sur sa poitrine, le poing serré. La sculpture est détruite en 1942, sous l’Occupation allemande, dans la perspective d’être fondue. En 1987, la Ville décide de faire une réplique de la sculpture et de l’installer à nouveau sur le pont de Verdun.

Volti (1915-1989)

Matin ou Mélancolie, 1984, pierre
Place Mondain-Chanlouineau

Une femme nue et plantureuse est assise en tailleur, les bras croisés sur un genou. Elle semble pensive. L’artiste, Antoniucci Voltigero, dit "Volti", est un Français d’origine italienne. Il commence véritablement sa carrière en 1943 comme sculpteur, dessinateur et graveur. Il pratique un art figuratif ayant principalement pour sujet des femmes aux courbes sensuelles et lisses. En ce sens, ses sculptures rappellent l’art d’Aristide Maillol (1861-1944). "La femme a des formes harmonieuses, des attaches fines, souples. La femme est un prétexte à faire une sculpture. Je pars d’un mouvement [...]. Mes sculptures sont des rencontres de vides et de courbes [...]. Ce qui m’enchante dans un corps de femme, ce sont les rythmes et les volumes."

Son art est très sobre, presque dépouillé. "Je peux éventuellement commencer avec un modèle mais après, il n’y a plus de modèle. J’enlève, j’ajoute, jusqu’à ce que j’arrive à faire une sculpture [...]. Ce qui m’intéresse, c’est moins la femme que son architecture."

Ousmane Sow (1935-)

Guerrier debout, 2011, bronze
Place Bernard-Anquetil

Le Guerrier debout de l’artiste sénégalais Ousmane Sow domine l’esplanade de la gare avec ses 2,80 mètres de hauteur. Pourvu de muscles proéminents, il est vêtu d’un pagne et armé d’une lance et d’un bouclier.

La statue est acquise par la communauté d’agglomération pour la Ville d’Angers à la suite de l’exposition de l’artiste au théâtre Le Quai en septembre 2010. Son coût a été supporté par des mécènes privés ayant participé aux travaux du tramway, parmi lesquels les entreprises Eiffage Travaux publics, Transmo, Cegelec et Keolis.

Cette sculpture en bronze fait partie intégrante d’une série consacrée à la tribu africaine des Massaïs, des bergers nomades vivant au sud du Kenya et au nord de la Tanzanie. Ousmane Sow s’intéresse particulièrement aux ethnies africaines qui combattent pour conserver leur culture. L’engagement est en effet au coeur de son travail: "On lutte pour conquérir la femme qu’on aime, on lutte pour conquérir l’espace, la lutte est une façon d’exister et de reconnaitre l’autre. C’est aussi cela l’Afrique, un champ de lutte et de combat."

Au-delà des Massaïs, il s’est attaché à représenter d’autres ethnies, comme celles des Noubas (Sud-Soudan), des Zoulous (Afrique-du-sud) et enfin des Peuls (région sahélo-saharienne).

Gualtiero Busato (1941-)

Le Messager, 2000, figure, bronze
Place La Fayette

Comme figé dans son élan, un messager court à toute enjambée, visiblement pressé. Il tient dans sa main une missive, un poème de Jacopone da Todi, prédicateur franciscain du XIIIe siècle qui fait l’éloge de la pauvreté. Ce message, comme tous ceux des "Messagers" de Busato, est pacifique. Nombre d’entre eux ont une portée spirituelle.

D’autres références, littéraires cette fois, complètent cette oeuvre: sur la terrasse où se tient la figure, apparaissent un sonnet de Shakespeare et un poème de Pouchkine. Sur les bords du bassin, sont sculptées des références aux écrivains et poètes Théophile Gautier, Friedrich von Schiller, Charles Baudelaire, Dante Alighieri et Antonio Machado.

Cette sculpture appartient à la série Les Fuites, un des sujets préférés du sculpteur. Les personnages courent, s’enfuient comme terrifiés. Leurs visages sont déformés, leurs corps courbés par le mouvement qu’accentuent les vêtements qui s’envolent.

Françoise Giannesini (1945-)

La Grande Toccata, commande de la Ville d’Angers (réalisation in situ), 2001, ardoise de Trélazé et lave émaillée
Rond-point Blanchoin-Liberté-De Lattre de Tassigny

Françoise Giannesini commence sa carrière comme artiste-textile en s’inspirant des recherches du mouvement de la "Nouvelle Tapisserie" auxquels participent Magdalena Abakanowicz et Josep Grau-Garriga. Ses premières sculptures sont d’ailleurs tissées en laine. En 1991, parallèlement à sa création textile, elle intègre l’atelier Licata à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle commence alors ses premières sculptures d’ardoise.

La Grande Toccata est érigée en 2001 au sud de la ville d’Angers, au sein du quartier de la Roseraie. Cette oeuvre monumentale (6,5x7x2 mètres) est une commande de la Ville dans le cadre du projet "Fontaines pour l’an 2000". Elle a nécessité 4 tonnes d’ardoises de Trélazé taillées en 650 lames et trois mois de travail à l’artiste secondée par six sculpteurs.

Ce gigantesque monolithe est rythmé par les lames d’ardoise, de couleur froide et sombre, qui dialoguent avec trois plaques d’émail rouge. L’oeuvre est un hommage aux mineurs ardoisiers de la région mais constitue également une porte, à la fois appel au rêve et ouverture aux songes. Elle fait également référence à l’oeuvre emblématique la Toccata et fugue en ré mineur pour orgue, de Jean-Sébastien Bach, oeuvre à la puissance évocatrice.

D’autres oeuvres de l’artiste sont conservées à Angers, dans les collections du musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine mais également dans le hall de l’hôtel de ville (Magnificat, 1995, sculpture d’ardoise, 1,47x1x0,92 mètre).

Michel Bassompierre (1948-)

L’Ours, 1993, béton
2, rue Jean-Rostand, quartier du lac de Maine

Michel Bassompierre est un sculpteur animalier qui s’est formé à l’École des beaux-arts de Rouen, où il a été l’élève de l’artiste français René Leleu. Il fréquente en parallèle et avec assiduité le Muséum national d’histoire naturelle ainsi que le zoo de Vincennes, afin de se confronter à l’anatomie animalière.

L’Ours est représentatif des préoccupations de l’artiste, qui passe de nombreuses heures à observer le vivant, à étudier les mouvements des animaux, à dessiner ses sujets sur le vif comme les artistes animaliers du XIXe siècle. Il commence par des croquis puis modèle la terre en petits formats avant d’utiliser d’autres matériaux (bronze ou marbre principalement) pour des oeuvres de plus grande ampleur. On observe également un traitement tout en courbe et en douceur, choix délibéré du sculpteur d’adoucir les ombres, préférant de subtiles passages à de forts contrastes. En ce sens, la simplification des formes et les surfaces polies de ses sculptures rappellent l’art du célèbre sculpteur Pompon (1855-1933). Il jette d’ailleurs son dévolu sur des animaux "ronds" tels les ours, les primates, les éléphants…

Jean-Max Albert (1942-) et Sara Holt (1946-)

Auriga, 1995, aluminium, 17 globes luminaires, ardoise et sable en base
Rond-point Montaigne

À l’occasion de l’inauguration du nouveau site commercial "Espace Anjou" en 1995, une oeuvre est commandée par les investisseurs privés et conçue spécifiquement pour le rond-point Montaigne.

La commande est passée à deux artistes, Jean-Max Albert, artiste éclectique (peintre, sculpteur, auteur, musicien) originaire de Loches, et Sara Holt, sculptrice et photographe américaine dont le travail s’inspire des arts et des sciences. Ils s’associent pour créer l’oeuvre intitulée Auriga.

Il s’agit pour eux d’exprimer par cette installation l’identité du lieu, de révéler la personnalité de cet espace. La géographie, la géologie, l’astrophysique mais aussi la poésie et l’histoire constituent le point de départ pour l’élaboration de l’oeuvre, créée in situ. Il s’agit d’un assemblage de cinq piliers de métal et de câbles. La convergence au sommet indique la position de la Terre. Sa forme pentagonale est inspirée par les cinq principales étoiles de la constellation "Auriga". L’ensemble des globes lumineux maintenus dans l’air par des câbles complète l’ensemble de la constellation. Aujourd’hui, la sculpture est incomplète car une partie a été démontée en raison de problèmes de sécurité.

Lucas Grandin (1976-)

Jardin sonore des Hauts-de-Saint-Aubin, commande de la Ville d’Angers, 2015
Place de la Fraternité, Hauts-de-Saint-Aubin

Lucas Grandin, né au Mans en 1976, est invité par la Ville d’Angers à produire une oeuvre dans l’espace public en 2015, en écho à la métamorphose du quartier des Hauts-de-Saint-Aubin et en interaction avec les habitants.

Après trois mois d’immersion avec les habitants, l’artiste livre une installation, située au coeur du quartier. C’est une structure monumentale en bois, à la fois belvédère et jardin suspendu. Elle est autonome en eau via un système de récupération des eaux pluviales qui permet d’arroser les plantes par goutte à goutte. C’est le son de ces gouttes, s’écrasant dans des boites de conserve aux pieds des plantations, qui confère au jardin sa dimension sonore et fait prendre conscience de l’eau et de ses enjeux économiques et sociaux.

Le jardin sonore des Hauts-de-Saint-Aubin est une invitation à l’échange, la contemplation, la paresse, mais aussi à la convivialité puisque cet espace ouvert à tous peut accueillir différentes animations, formes culturelles et végétales imaginées par les habitants. Lucas Grandin, via cette installation, questionne notre rapport à l’autre et la présence de l’oeuvre avec son environnement.

Delphine Galloy, conservatrice, musées d’Angers
Lucie Picard, coordinatrice arts visuels, Ville d’Angers
Émeric Chartrain, assistant documentaire, Ville d’Angers
Christine Besson, conservatrice, musées d’Angers