Un manoir gothique et Renaissance en pleine campagne
Rattrapé par les extensions de la ville à la fin du XIXe siècle, le manoir du Pin était auparavant situé au milieu de terres labourables, de prés et de vignes. L'édifice initial - partie gauche du château actuel - présentait l'aspect habituel des nombreuses demeures de plaisance de la seconde moitié du XVe siècle, avec ses murs de schiste et sa tour d'escalier à pan coupé, bien en évidence. Selon une tradition aristocratique, cette dernière comprend dans sa partie haute une petite pièce formant belvédère et desservie par une étroite vis en encorbellement* (décelable sur la façade). La haute toiture est toujours portée par sa charpente d'origine, dont subsiste un culot de poinçon* élégamment sculpté.
Dès l'époque François 1er, le manoir du Pin fut embelli, en particulier sur la tour d'escalier : le pan coupé présente un décor sculpté de pilastres à motifs géométriques de cercles, triangles et losanges, parfaitement représentatif de la Renaissance autour de 1520-1530, tel qu'on l'observe également à l'hôtel de Pincé ; de même, les clés de baies à palmette, les rosaces inscrites dans les motifs géométriques, les chapiteaux composites encore très libres dans leur conception. Un semis de coquilles Saint-Jacques sur l'une des allèges de fenêtre fait référence très certainement au commanditaire de ce décor : en effet, un acte d'acquisition de 1520 mentionne pour nouveau propriétaire du « lieu et closerie du Pin » un certain Jacques Lemesle, secrétaire de l'évêque d'Angers. Le document fait état de son intention d'y fonder une chapelle : celle-ci occupe le premier étage d'un petit corps de bâtiment en saillie, plaqué contre l'escalier et le logis principal. Elle peut aussi lui être attribuée, d'autant que le vitrail axial, d'époque Renaissance, représente sous un calvaire un saint Jacques pour saint patron, au pied duquel est agenouillé le clerc et donateur. Une des salles du rez-de- chaussée possède encore une grande cheminée, caractéristique de la Renaissance par sa frise d'oves* sur la hotte (le décor peint est du XIXe siècle).