Et jamais nous ne serons séparés est la deuxième œuvre de Jon Fosse pour la scène. Une femme attend l’homme qu’elle aime. Il vient. Ils se voient et ne se voient pas, alternativement. Dans une forme lancinante, fracturée de petits décalages et d’incohérences qui en font une sorte d’énigme, la pièce déploie une spirale de motifs récurrents mais toujours changeants. Ils creusent comme un gouffre au milieu d’une vie ordinaire, un gouffre au bord duquel nous vivons nous-mêmes. Les champs de notre conscience sont occupés par des urgences démesurées qui annihilent toute vie profonde.
Aborder Jon Fosse aujourd’hui revient à reprendre pied dans l’intime. Cette pièce, qui semble s’inventer au fil de son écriture, ouvre un espace d’introspection sensible aux infimes distorsions de la conscience. Elle nous fait subtilement ressentir une forme de drame existentiel commun à toutes et tous, silencieux et omniprésent, quelque chose comme l’inquiétude née de l’absence et l’affleurement permanent de l’absurde.
C’est également l’occasion pour Daniel Jeanneteau de retrouver l’impressionnante actrice Dominique Reymond.