Publié le 29-04-2025
Culture
Publié le 29-04-2025
Culture
C'est un chantier comme on en voit peu. Exceptionnel même, puisqu'il va modifier substantiellement la façade d'un monument parmi les plus emblématiques d'Angers : la construction d'une galerie devant le portail principal de la cathédrale Saint-Maurice, qui sera terminée début 2026.
Avant d'être un geste architectural, le projet est avant tout utilitaire : "Il s'agit de protéger les polychromies du portail, qui remontent, pour les plus anciennes, à la construction de la cathédrale au 12e siècle et qui présentent un état de conservation exceptionnel", indique Valérie Gaudard, conservatrice régionale des Monuments historiques. Leur restauration, menée entre 2007 et 2019, a permis de remettre au jour les couleurs d'origine, auparavant masquées par un badigeon blanc.
"La préservation des polychromies tient notamment à leur protection par une galerie qui était présente en façade, et a été détruite au début du 19e siècle", poursuit Valérie Gaudard. La construction en cours n'a donc rien d'une idée neuve, mais réinventée par le choix d'un trait contemporain : "La reconstruction à l'identique de l'ancienne galerie n'était de toute façon pas possible, car elle n'est pas assez documentée. Nous n'avons aucune référence qui permettrait de la reproduire." D'où le choix d'ouvrir le projet à un concours international, remporté par l'architecte japonais Kengo Kuma.
Transition entre le profane et le sacré
Pour répondre au cahier des charges, les contraintes étaient nombreuses : protéger le portail bien sûr, dans des volumes contraints par l'édifice et son parvis, avec une structure suffisamment légère pour préserver au mieux le sous-sol et son matériau archéologique. A cela, Kengo Kuma a ajouté la volonté d'inscrire son projet comme le prolongement spirituel de la cathédrale, considérant la galerie comme "un espace de transition entre le profane et le sacré". Un choix qui tient notamment à l'histoire personnelle de l'architecte, qui a découvert très tôt la religion chrétienne comme élève au collège jésuite de Kanagawa.
Cette transition, elle se matérialise par ce dessin en arches, écho aux voûtes d'ogive de la cathédrale, et par des proportions fidèles au nombre d'or, reprenant là aussi les caractéristiques de l'édifice. Quant aux choix de travailler ces arches en drapé, il permet de jouer sur la profondeur avec un effet d'ombres et de lumières, s'inspirant des sculptures de la cathédrale.
Sable et graviers de Loire
Pour les matériaux, le choix s'est porté sur un béton léger obtenu à partir de sable et de graviers intégralement issus du bassin de la Loire. Les teintes locales seront ainsi respectées, avec une durabilité supérieure au tuffeau, garantissant la pérennité de l'ouvrage. A noter que la construction est mise en œuvre par l'assemblage de blocs préfabriqués, réalisés par l'entreprise Jousselin à Ombrée-d'Anjou.
L’inauguration de la galerie est prévue en janvier 2026. L’ensemble de sa réalisation représente un budget de 5,5 millions d’euros, entièrement financé par l’Etat.
En parallèle à la construction de la galerie, pilotée par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), Angers Loire Métropole réalise la rénovation complète du parvis de la cathédrale. A commencer par le remplacement de l'intégralité des pavés. Ou, plutôt que leur remplacement, leur réemploi : les pavés d'origine ont été sciés, dans le sens de la longueur, pour être remis en place sur site. Parmi les avantages de la méthode, outre l'intérêt environnemental et patrimonial, celui de dégager grâce au sciage une surface parfaitement plane, permettant de réaliser un parvis plus régulier et donc plus praticable, par exemple pour les poussettes.
L'emprise de la rénovation concerne le parvis mais aussi les rues attenantes, pour un total de de 2700 m2 de pavement refait à neuf, dont 400 m2 avec des joint enherbés. A cela s'ajoute la réalisation de 500 m2 d'espaces végétalisés, incluant plantes à massif, arbustes et la plantation de 18 arbres. Une pergola sera également installée, avec bancs et fauteuils. L'ensemble sera entièrement piétonnier. La rénovation du parvis sera finalisée en novembre 2025, pour un coût de 1,2 million d'euros financé par Angers Loire Métropole.