Culture

Espace d'exception donnant sur la place du Ralliement, le foyer du Grand-Théâtre reste largement méconnu du public. En cause : l'état de son parquet, jamais restauré en plus de 150 ans et aujourd'hui très dégradé. Il sera entièrement rénové cette année. Série "Angers rénove son patrimoine", épisode 2/4.

Placé à l'étage noble des premiers balcons, le foyer du Grand Théâtre présente un agencement à la mode des galeries qui agrémentaient les grandes demeures du 17e siècle : hauteur sous plafond, colonnes, coupole... Sans oublier son parquet. Une œuvre d'art à part entière, sans équivalent à Angers par le soin apporté à sa composition, que ce soit au niveau de sa rosace centrale ou de sa frise périphérique. Pour autant, rares sont les Angevins ayant pu admirer cet espace. En cause : l'état du parquet justement, trop dégradé pour permettre d'accueillir le public. "Le parquet n'a jamais été restauré depuis la construction du théâtre, il y a un peu plus de 150 ans", souligne Jean-Jacques Garnier, directeur des Théâtres municipaux d'Angers (T.MA). Et l'usure du temps est aujourd'hui bien visible. L'affaissement des lambourdes (structures qui soutiennent le parquet) a créé une pente de cinq centimètres, et certaines lattes reposent sur du vide. "Il y a quelques endroits où l'on pourrait littéralement passer à travers, indique le directeur. C'est pourquoi nous ne l'utilisons que ponctuellement, pour des réceptions en petit comité, par exemple avec les partenaires et mécènes des théâtres municipaux."

Historiquement, le foyer était pourtant un espace pleinement intégré à la vie du théâtre : c'est là que le public était accueilli lors des entractes, des concerts de musique de chambre y ont été donnés, bénéficiant de l'acoustique exceptionnelle de l'endroit, ses dimensions généreuses permettant même d'y organiser des bals dans les années 1950.

Un puzzle de 4 000 pièces

Pour permettre au foyer de retrouver son lustre d'antan ainsi que son utilité dans l'activité du Grand-Théâtre, une rénovation intégrale du parquet s'impose. Celle-ci aura lieu cette année, à partir de début juin, pour une durée prévue de huit mois. Elle fera suite à une étude préalable, menée par le bureau spécialisé ECSB. Lequel n'en est pas à son coup d'essai, ayant travaillé à Angers sur la restauration de la Maison d'Adam, et sur des monuments illustres comme le château de Chaumont ou encore le musée du Louvre.

Différents sondages ont été réalisés, c'est-à-dire le retrait de lames du parquet à certains endroits stratégiques pour accéder au lambourdage et estimer son état. Les 4 000 pièces qui composent le parquet ont été scrupuleusement recensées, afin de préparer la rénovation proprement dite. Laquelle consistera à retirer l'ensemble des pièces, restaurer celles qui peuvent l'être et refaire à l'identique celles qui sont trop usées pour être réemployées. Puis tout réassembler, sur un lambourdage refait à neuf, à la manière d'un immense puzzle de 210 m2

Dissimuler les câbles électriques

L'opération sera l'occasion également de rendre invisibles les câblages électriques nécessaires à l'utilisation du foyer. Ils seront dissimulés sous le parquet, accessibles par de discrètes trappes de branchement.

A noter que l'intervention débutera par le traitement du plomb, dont la présence a été révélée lors des études et qui nécessitera de confiner le foyer. Toutefois l'ensemble des travaux sera réalisé sans impacter le fonctionnement du théâtre, qui restera ouvert pendant toute la durée du chantier. Le tout représente un budget de 400 000 euros, dont 110 000 euros financés par le mécénat d'entreprises locales.

Quelle utilisation du foyer après les travaux ?

Une fois que le parquet sera refait à neuf et le foyer rouvert, reste évidemment la question de l'utilisation qui en sera faite. Et si rien n'est acté à ce jour, les pistes sont nombreuses. “Il y a évidemment la possibilité d'accueillir des manifestations culturelles en petite jauge, autour par exemple de lectures ou mini-concerts, détaille Jean-Jacques Garnier. Mais on peut aussi imaginer des propositions entièrement nouvelles, par exemple accueillir le public avant les spectacles autour d'une petite restauration. Cet espace peut aussi nous permettre d'explorer d'autres registres, comme la musique électro. Sortir de notre offre habituelle serait un moyen de toucher des personnes qui ont peu l'habitude de fréquenter les théâtres, notamment les jeunes.”

Pour aller plus loin : l'histoire du Grand-Théâtre d'Angers

Le foyer du Grand-Théâtre à 360°