La mairie

La transition énergétique n’est pas seulement l’affaire d’infrastructures ou d’aménagements urbains. Elle tient aussi à nos habitudes et à notre capacité à les modifier. Avec son Plan énergie bâtiment, la Ville entend montrer l’exemple. Cet hiver, on baisse le chauffage.

Réchauffement climatique, crise internationale, inflation… plus que jamais, la transition énergétique s’impose comme une évidence. Elle devient la feuille de route des territoires, Ouvre une nouvelle fenêtre sur des thématiques variées, principalement le chauffage et les déplacements, avec pour objectif de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, gaz et pétrole notamment.

Pour la Ville d’Angers et Angers Loire Métropole, c’est une préoccupation de longue date. En témoigne par exemple le développement des réseaux de chaleur, Ouvre une nouvelle fenêtre, pour chauffer logements et équipements avec une énergie renouvelable (les déchets de bois issus de l’entretien des forêts et des haies bocagères), à un coût moins volatil.

A l’approche de l’hiver, c’est sur un autre levier que la Ville entend agir: la sobriété. Car l’énergie la moins coûteuse et la moins polluante est d’abord celle que l’on ne consomme pas. Moins chauffer, moins éclairer: il s’agit bien de revoir nos habitudes de vie. Un changement que la Ville entend d’abord s’appliquer à elle-même, notamment avec le plan énergie-bâtiment voté en juillet dernier.

"Ce plan vise à réduire de 40%, à l’horizon 2030, la consommation d’énergie de 450 bâtiments publics, propriété de la Ville ou de la Communauté urbaine. A cette échéance, 32% de l’énergie consommée devra également être renouvelable", indique Jean-Marc Verchère, maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole.

En application de ce plan, les consignes de chauffage de presque tous les équipements publics ont été revues à la baisse, à des niveaux variés selon les activités et le public accueillis. "Un degré en moins permet une économie d’énergie de 6 à 7%", rappelle Jacques-Olivier Martin, adjoint au maire délégué aux Bâtiments et à la Voirie. Les périodes d’éclairage des bâtiments patrimoniaux, mais aussi des illuminations de Noël, ont aussi été revues à la baisse (lire interview ci-dessous).

De manière générale, c’est dans une véritable chasse au gaspi que se sont lancées la Ville et la Communauté urbaine. Laquelle n’a pas attendu le vote de juillet. De nombreuses actions ont déjà été menées, notamment en matière de rénovation thermique, avec de premiers résultats (voir chiffres ci-dessous). Il s’agit désormais de passer la vitesse supérieure, et de faire de la sobriété un fil rouge suivi par le plus grand nombre. En témoigne le volet "sensibilisation" du plan énergie-bâtiment, avec entre autres une action spécifique à destination des scolaires.

La Ville engagée dans la chasse au gaspi

La sobriété énergétique, quand elle s’applique à l’usage des bâtiments, est d’abord affaire de sensibilisation et de bonnes pratiques. La démonstration en a été apportée par la démarche "Cube 2020", dans laquelle la Ville s’est engagée de 2017 à 2019. Elle consistait à contrôler finement les températures, à appliquer les écogestes en matière d’éclairage, de climatisation ou encore de multimédia, dans cinq sites "pilotes": la cité éducative Nelson-Mandela, la Maison des arts, le groupe scolaire Jules-Verne, le centre technique environnement-propreté et la direction parcs, jardins et paysages. Au final, l’opération a permis de réaliser des économies de 17,8% sur le chauffage et de 10% sur l’électricité, sans investissement. Forte de ces résultats, l’expérience va être élargie à une quarantaine de sites avant d’être généralisée.

Cette démarche de sensibilisation trouve un prolongement naturel avec le Territoire intelligent, Ouvre une nouvelle fenêtre, qui va permettre aux bonnes pratiques de s’appuyer sur des outils de pilotage très précis. Dans le cadre de ce projet porté par Angers Loire Métropole, 3500 capteurs et compteurs connectés sont en cours de déploiement. Leurs mesures, comme la température, l’humidité ou la qualité de l’air sont remontées automatiquement au centre de supervision, qui va analyser les données et, au besoin, piloter à distance les équipements. Ce dispositif, baptisé "gestion technique des bâtiments", concerne actuellement 91 sites de la Ville et d’Angers Loire Métropole.

Autre étage de la fusée: l’optimisation des surfaces. Il s’agit là de passer en revue le patrimoine de la collectivité, pour identifier les espaces peu ou pas utilisés. Pour cela un "plan stratégique immobilier" a été mis en œuvre dès 2014, en agissant sur la mutualisation des locaux, leur affectation par rapport aux besoins réels, la réorganisation des créneaux horaires, notamment associatifs. Cette rationalisation a permis de réduire les surfaces chauffées et d’engager un plan de démolition des locaux devenus inutiles, lorsqu’ils s’avèrent obsolètes et énergivores.

Les écogestes expliqués aux enfants

L’objectif de la transition étant de préparer le monde de demain, les plus jeunes sont bien sûr directement concernés. Par le biais de leurs parents, ils sont aussi un vecteur de changement vers de nouvelles habitudes. Autant de raisons qui justifient de faire de la sensibilisation des enfants un axe à part entière du plan énergie-bâtiments, avec l’opération "Watty à l’école".

Développé par la société Eco CO2 et labellisé par le ministère de la Transition écologique, le programme "Watty à l’école" propose des interventions sur le temps scolaire, de la petite section au CM2, à raison de trois ateliers par an idéalement sur deux années consécutives. A l’invitation de la Ville, neuf groupes scolaires angevins* se sont engagés dans la démarche sur la période 2021-2023, soit 70 classes et près de 1700 enfants.

"Le programme est en général conduit à l’échelle de l’école entière. En effet le but est d’y associer l’ensemble de la communauté éducative, pour que les ateliers soient prolongés par d’autres temps en classe ou lors des activités périscolaires, détaille Charlotte de Menou, animatrice "Watty" pour les écoles d’Angers. Un kit de ressources est aussi proposé, avec des affichettes à apposer dans l’école rappelant les écogestes sur l’éclairage ou les économies d’eau par exemple."

Avec des ateliers de trente minutes à une heure et demie selon les âges, le programme Watty aborde des thèmes comme les différentes sources d’énergie, les appareils électriques, l’eau, les déchets… "Cette année nous travaillons surtout sur le chauffage et les déplacements. Avec toujours un préambule de sensibilisation générale, où l’on donne des clés de compréhension sur le réchauffement climatique, poursuit l’animatrice. Tous les enfants en ont entendu parler, mais avec une perception souvent assez floue. Or c’est quelque chose dont on peut parler même aux plus jeunes, avec évidemment un langage adapté."

Une fois les enjeux posés, le but est ensuite d’aller dans le concret: "On utilise différents supports, par exemple un jeu de cartes qui met en regard écogestes et gestes énergivores. Les enfants sont sensibles à ce sujet et s’y étaient souvent intéressés avant les ateliers. Ce qu’ils veulent vraiment, c’est en devenir acteurs et savoir comment agir au quotidien."

* école maternelle Descartes (4 classes), groupes scolaires René-Gasnier (7 classes), Les Grandes-Maulévries (11), Alfred-de-Musset -9), La Pérussaie (9), Marie-Talet (3), René-Brossard (7), Joseph-Cussonneau (12) et Pierre-Louis-Lebas (8).

"Aller plus loin dans la sobriété"

Jacques-Olivier Martin, adjoint aux Bâtiments et à la Voirie

Entre hausse des prix et raréfaction des ressources, le pays connaît une situation inédite en matière d’énergie. Comment la Ville se prépare-t-elle?
De manière sereine et déterminée. Nous n’avons pas attendu que la situation se dégrade pour réagir. La mise en œuvre du plan Énergie-Bâtiments, voté le 18 juillet dernier, est une étape supplémentaire qui rappelle noir sur blanc nos engagements en la matière. La Loi Élan fixe des objectifs précis à l’horizon 2030: une réduction de 40% de l’énergie consommée et le recours aux énergies renouvelables à hauteur de 32% minimum. Nous allons évidemment respecter ces critères déjà ambitieux mais aller encore plus loin dans la sobriété.

Comment cela se traduit-il?
Cela passe par des investissements massifs, notamment pour améliorer les performances énergétiques de nos bâtiments publics et répondre aux exigences environnementales. Je pense, par exemple, à la restructuration de groupes scolaires ou encore à la construction de la maison de quartier des Hauts-de-Saint-Aubin qui sera un bâtiment à énergie positive, c’est-à-dire qu’il produira plus d’énergie qu’il n’en consommera. Nous continuons également à étendre les réseaux de chaleur urbains qui fonctionnent à 80% au bois et à déployer le Territoire intelligent qui permettra de générer plus de 100 millions d’euros d’économie en matière d’éclairage public, d’arrosage et, bien sûr, de chauffage.

Le chauffage des bâtiments est-il l’enjeu majeur?
C’est en effet une part importante de notre consommation énergétique. Là encore, nous menons une politique volontariste pour en limiter les effets. Cela passe aussi par la mise en application de bonnes pratiques du quotidien qui relèvent, la plupart du temps, du bon sens. Comme, par exemple, ne pas chauffer des locaux quand ils ne sont pas utilisés. C’est tout le sens de notre stratégie immobilière qui consiste à rationaliser les usages et à mutualiser les espaces comme c’est le cas, par exemple, à l’hôtel des associations que nous avons ouvert à la Roseraie en 2019.

Cette chasse au gaspillage concerne également l’éclairage public…
Oui. Nous poursuivons une vaste opération de remplacement des candélabres afin de passer au LED 30000 points lumineux sur l’ensemble du territoire d’Angers Loire Métropole, d’ici à 2024. J’y vois de nombreux avantages. En termes d’économies d’énergie tout d’abord, puisque nous tablons sur une diminution de deux tiers de la consommation. Cette technologie permet aussi de mieux cibler les zones à éclairer en concentrant le halo vers les trottoirs et les chaussées et en adaptant la puissance développée en fonction de l’affluence et de l’heure. C’est enfin un gain important pour préserver la biodiversité urbaine.

Et cet hiver?
Nous avons décidé d’arrêter l’éclairage des façades des bâtiments patrimoniaux à partir de 23h, contre 1h du matin jusqu’alors. Cela concerne une cinquantaine de sites pour lesquels les économies d’énergie réalisées à l’année pourraient atteindre 40%. Quant à la durée d’éclairage des illuminations de Noël, elle sera aussi réduite d’une heure et demie, de 17h à 23h, pour une baisse de la consommation de 20%.
Que ce soit en termes de chauffage ou d’éclairage, tout l’enjeu est de repenser notre relation à l’énergie d’un point de vue global. Nous agissons pour cela en responsabilité pour être à la hauteur de la nécessaire transition écologique qui nous oblige au regard de la planète et des générations à venir.

La sobriété dans notre quotidien

La sobriété énergétique est une tendance qui implique l'ensemble de la société. Collectivités et citoyens sont solidaires dans ce contexte de changement des habitudes. En effet, si le chauffage représente une dépense importante pour les collectivités, c’est aussi le poste de dépense le plus élevé pour les ménages, avec une moyenne de 69% de la consommation énergétique pour un logement classique (voir infographie ci-contre).

Afin de donner aux habitants des pistes et des repères pour aller vers un quotidien plus sobre, la Ville diffuse le guide Écocitoyens au quotidien. Énergie, eau, alimentation, déplacements… ce guide à télécharger présente des éléments de compréhension des enjeux actuels et des gestes pour agir chacun à son niveau.