Végétaliser, mais pas seulement. En 2021, la Ville engageait un vaste plan de réaménagement des cours d'école, réalisé à ce jour dans 42 cours sur 72, avec l'objectif premier de désimperméabiliser les sols. Autrement dit, remplacer le bitume par des surfaces naturelles, notamment pour éviter l'effet "îlot de chaleur". A l'école Annie-Fratellini, dans le quartier Grand-Pigeon, le réaménagement des deux cours (maternelle et élémentaire), s'est doublé d'un travail de fond pour revoir l'organisation de ces espaces.

"Avant les travaux, la quasi-totalité de la cour élémentaire était occupée par le terrain de foot, utilisé essentiellement par les garçons", se rappelle la directrice, Gisèle Le Guillou. Un peu à l'image d'un grand nombre de cours d'école, qui n'avaient jamais fait l'objet d'une réflexion poussée quant à leur usage. Recherche d'une meilleure mixité, lutte contre les effets du réchauffement climatique, développement d'activités autour de la nature et de la biodiversité : autant de préoccupations finalement assez récentes, qui amènent à considérer la cour d'école autrement que comme un espace bitumé dominé par les jeux de ballon.

"A l'école Fratellini, le projet de réaménagement a bénéficié d'une proposition portée par les habitants, dans le cadre du budget participatif 2020", souligne Olivier Ferrero, responsable du personnel périscolaire (animateurs, Atsem...). Avec les porteurs de projet et les équipes de la Ville, notamment du service "Parcs et Jardins", la communauté éducative s'empare de la proposition, y associant les parents mais aussi les élèves. "Même les petites sections ont été associées à la concertation", souligne Gisèle Le Guillou. A l'issue des échanges quatre propositions d'aménagement sont présentées par le service Parcs et Jardins, départagées par un vote.

Le projet retenu laisse bien sûr de la place aux jeux de ballon, dans un espace clos de type city-stade, "qui était une grosse demande des élèves", souligne la directrice. Dans la cour maternelle, de nouveaux jeux sont installés, une "rivière" est créée pour recevoir les eaux de pluie, le potager, anciennement fermé, est désormais entièrement ouvert, complété par la plantation d'arbres fruitiers. Le tout en bénéficiant des fonds amenés par le budget participatif, soit 200 000 euros.

Les travaux sont réalisés à l'été 2023. Un an et demi plus tard, Olivier Ferrero dresse un constat très positif de l'opération : "Il y a moins de tensions sur la cour, avec un vrai bénéfice sur l'ambiance scolaire. Les élèves sont associés au nettoyage de la cour, et s'y prêtent volontiers. On a aussi remarqué qu'il y avait plus d'oiseaux qu'avant." Les enfants des crèches du quartier y sont régulièrement accueillis, et la cour est aussi ouverte pendant les vacances scolaires pour des animations et ateliers ouverts à tous. Autant d'usages difficilement envisageables sur un espace de bitume occupé par un terrain de foot.