Arrivée mardi 17 décembre au muséum des sciences naturelles d'Angers, dans le cadre d'une donation, cette météorite de quelque 105 kilos vient de loin. De très loin même : plusieurs dizaines de millions de kilomètres, depuis la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Son arrivée sur Terre est aussi très ancienne, puisqu'il y a environ 55 000 ans qu'elle a atterri dans l'Aube. Et c'est là, dans un champ, qu'elle a attendu tout ce temps avant d'être découverte en 2018 par Pierre Antonin, "chasseur de météorites" passionné.

"Nous savions qu'il y avait des météorites dans ce périmètre, car des agriculteurs y avait déjà trouvé par hasard des pierres métalliques, authentifiées au tout début des années 2000", explique-t-il. Soupçonnant la présence de nombreux autres fragments, Pierre Antonin imagine un procédé ingénieux pour les localiser : il assemble un détecteur de métaux géant, de plus de 7 m de large, conçu pour pouvoir être fixé aux tracteurs agricoles. "Les agriculteurs pouvaient ainsi rechercher les météorites tout en labourant leur champ."

Et les résultats sont au rendez-vous : progressivement, une importante "ellipse de chute", d'environ 1 km², est identifiée. Pas moins de 123 points d'impact y sont recensés, permettant de récupérer près de 6,5 tonnes de fragments rocheux. "Ils appartenaient tous au même astéroïde, qui devait faire environ 20 tonnes avant de se disloquer lors de son entrée dans l'atmosphère terrestre", poursuit le découvreur.

Quant à la donation au muséum angevin, elle fait suite à une exposition consacrée aux météorites présentée par l'établissement en 2022. C'est lors de cette exposition que des contacts sont pris avec Pierre Antonin, qui se concrétisent aujourd'hui par ce don.

"La météorite est exposée sans vitrine, pour permettre aux visiteurs de la toucher, précise Benoît Mellier, directeur de collection du muséum. Avoir un contact avec un objet extra-terrestre, c'est quelque chose d'assez exceptionnel !" Et si l'objet surprend par ses dimensions assez réduites, au regard de son poids, c'est parce qu'elle présente une densité exceptionnelle : près de huit fois supérieure à l'eau.