Culture

Secrétaire général de l’association Premiers Plans, Xavier Masse est à la baguette du festival pour mettre en musique chaque édition, avec son projet et ses innovations.

Discret mais connu comme le loup blanc, vous avez fait vos premiers pas au festival voici 35 ans. Aujourd’hui, vous en êtes le secrétaire général, le chef d’orchestre en quelque sorte…
J’ai découvert le festival Premiers Plans à ses tout débuts, par hasard, comme bénévole, un peu comme tout le monde ici. Cela explique que j’en connaisse pas mal de rouages... Mon rôle aujourd’hui, c’est de mettre en œuvre le projet défini par l’association, son président et son fondateur bien sûr, Claude-Eric Poiroux. Je suis une sorte de couteau suisse, mais entouré de personnes expérimentées, en charge de missions précises et qui placent haut le degré de l’exigence. Tant dans le choix des films en compétition, parmi les 3000 visionnés chaque année, que dans l’organisation technique, l’accueil du public…

Le festival, c’est une semaine sous les projecteurs, mais des mois de préparation…
Le festival est un continuum. Dès le 1er février, tout recommence. On tire les bilans, on redéfinit les objectifs du festival suivant, on continue de tisser notre toile partenariale, on commence à regarder les nouveaux films. Tout se tricote en même temps, au long cours, car notre travail se fonde sur un esprit coopératif, une relation partenariale. C’est un travail de réseau. Le festival se construit avec beaucoup de partenaires: les enseignants par rapport au jeune public accueilli, les établissements scolaires en vue de développer notre travail de médiation auprès des jeunes, les acteurs socio-éducatifs, ceux de la santé publique, les institutionnels… Nous avons créé un club d’entreprises qui partagent les valeurs du festival. Nous avons en commun le désir de construire un projet de dynamique territoriale et de rayonnement pour Angers. Nous travaillons aussi avec les partenaires de la filière cinéma bien entendu, pour présenter des films et continuer à alimenter le vivier du festival, reconnu pour la qualité de sa sélection. A l’année, cela mobilise des centaines de personnes et près de 300 bénévoles pendant le festival.

Le festival innove, invente et expérimente chaque année…
Nous nous devons de réussir le festival chaque année, mais nous devons aussi y apporter des nouveautés et être créatifs. Cela a l’air anecdotique, mais la mise en place de la nouvelle billetterie illustre ce souhait de nous adapter aux attentes du public et aux nouvelles pratiques. Il faut comprendre que Premiers Plans est inclusif, il intègre les bonnes idées et est co-conçu avec ses partenaires. A titre d’exemple, on peut citer Cinéma Sprint. Cette épreuve réunit le temps d’un week-end des professionnels, des amateurs et des cinéphiles qui disposent de 54 heures seulement pour réaliser un film très court, d’une à cinq minutes. Né d’une rencontre, ce projet innove en se plaçant à la croisée des chemins entre création artistique et aventure entrepreneuriale. Il illustre assez bien toute l’attention que l’équipe de Premiers Plans pose sur la créativité autour du cinéma.

Si le festival se déroule essentiellement au centre de congrès d’Angers et dans les salles des 400 Coups et du Cinéma Pathé, il n’est pas exclusivement angevin…
Nous développons des projets de proximité, comme par exemple l’opération "7x7" qui consiste à organiser la projection de sept films dans sept salles du Maine-et-Loire. Cette semaine, les cinéphiles de Beaupréau-en-Mauges ont pu voir ou revoir un film primé l’an dernier, par exemple. Cette coopération se met en place aussi avec les lieux culturels du territoire.

Quel retour avez-vous des cinéastes, actrices, acteurs et autres professionnels qui découvrent Premiers Plans?
Beaucoup sont époustouflés de voir les publics se mélanger aussi simplement. En arrivant ici, ils en ressentent assez vite l’esprit et cette atmosphère particulière. Le festival, c’est une communauté, ouverte à tous. Cela contribue à en faire un festival de cinéma à part. Chacun y trouve sa place et y participe à son niveau: les publics, les bénévoles, les scolaires et les étudiants, les professionnels. Tout le monde côtoie tout le monde. Le centre de congrès est un peu le vaisseau amiral de Premiers Plans, un lieu assez essentiel, intégré et proche de la ville, de ses lieux de vie, des restaurants…  On y entre et on en sort facilement. C’est une belle auberge espagnole. Il n’est pas rare, le midi, de voir les membres du jury déjeuner à quelques mètres d’un groupe d’enfants en train de pique-niquer… Tout ceci fonctionne très bien.

Quels moments vous rendent particulièrement satisfait?
Le festival, c’est mille et un moments. Ce qui m’émeut, c’est de voir des enfants de 3 ans entrer dans une salle de cinéma, d’entendre applaudir une bande de lycéens, d’écouter le brouhaha s’estomper lorsque le film commence… Un festival, c’est beaucoup de travail, de complexités à résoudre chaque jour, mais ce sont aussi des rencontres, des regards, des émotions. Notre orchestre joue une partition bien huilée, qui se compose chaque jour… Mais il faut aussi accepter parfois des moments d’instabilité productive, et se laisser aller à vivre tous ces instants.