Culture

L’architecte japonais Kengo Kuma était en visite à Angers, mardi 25 octobre. Au menu: la découverte des détails des sculptures polychromes du portail de la cathédrale Saint-Maurice, qui sera protégé par une galerie construite par ses soins.

Désigné en octobre 2020 par le ministère de la Culture, l’architecte japonais Kengo Kuma était en visite à Angers ce mardi 25 octobre. Un fait suffisamment rare pour être remarqué.

D’ici à juillet, l’homme, véritable star dans son pays et reconnu à travers le monde pour avoir signé une quarantaine d’ouvrages remarquables, lancera la construction d’une galerie contemporaine visant à protéger le portail décoré de sculptures polychromes de la façade ouest de la cathédrale. Une oeuvre délicate, qu’il a souhaitée "harmonieuse et respectueuse du travail des bâtisseurs du Moyen-Age. Comme eux, nous avons commencé par travailler au compas".

La visite a été l’occasion pour l’architecte, juché sur un échafaudage, d’approcher de très près le drapé des sculptures ancestrales. "C’était la première fois que je les voyais d’aussi près. J’en ai été très ému, et j’ai perçu dans la cathédrale ce jeu d’ombres et de lumière qui me guide dans mon travail", témoignait-il à l’issue de la visite.

Réalisées aux 12e et au 17e siècles, les sculptures du portail de Saint-Maurice sont en effet considérées comme l’un des derniers grands témoignages de la polychromie des cathédrales. Et ceci depuis leur récente restauration. "J’ai aussi été très ému par la topologie du site, sa situation-même, en surplomb de la rivière que relie, en ligne droite, la montée Saint-Maurice. Construire la galerie relève pour moi du passage du monde profane au monde sacré", a-t-il souligné. Si Kengo Kuma n’avait encore jamais eu l’occasion de jeter son art sur une cathédrale, il a en revanche souvent eu l’opportunité, au Japon notamment, de travailler sur des édifices, neufs ou anciens, situés au cœur d’environnements assurant ce passage d’un monde à l’autre.

Le tuffeau trop fragile

Mardi, l’équipe de la Direction régionale des affaires culturelles n’était pas venue les mains vides. Deux blocs de béton, réalisés à partir d’un agrégat de pierres locales, posés devant la façade, étaient sujets à discussion. "Il ne sera, hélas, pas possible d’utiliser la pierre de tuffeau sur un ouvrage aussi passager. Sa pérennité ne serait pas assurée. Cela n’aurait aucun sens d’utiliser une pierre venue d’ailleurs, d’où la recherche en cours visant à trouver la meilleure solution. Nous respecterons bien sûr le projet initial: les cinq arcs, au style minimaliste, auront cette couleur blanche et beige clair", a rassuré Kengo Kuma pendant la conférence animée, le soir même, à l’auditorium du musée des Beaux-Arts d’Angers.

L’heure est désormais à l’appel d’offres qui permettra de recruter les entreprises engagées sur ce chantier, confirmé au début de l’été prochain. "Nous espérons inaugurer la nouvelle galerie de la cathédrale dans le courant du deuxième semestre 2024, en même temps d’ailleurs que la place Monseigneur Chappoulie, reconfigurée", expliquait Jacques-Olivier Martin, adjoint au maire en charge notamment des Bâtiments. "Pour rester cohérent avec le projet de la cathédrale piloté par les équipes de l’Etat, la Ville d’Angers a confié à Kengo Kuma et à son équipe la réflexion qui visera à repenser la place ainsi que la rue du Chanoine-Urseau, qui descend jusqu’au palais épiscopal."