Relations internationales

Quatre ans après s’être vu décerner le Prix Nobel pour son engagement auprès des femmes victimes de violences sexuelles, le Dr Denis Mukwege est de retour à Angers pour une exposition consacrée à son travail, au CHU et à la Galerie Qu4tre de l’Université d’Angers.

Avec des conférences programmées à l’Université d’Angers, une expo photos à voir à la chapelle du CHU et à la Galerie Qu4tre de l’Université, ainsi qu'un ciné-débat aux 400 Coups, la visite à Angers du Prix Nobel Denis Mukwege ne peut passer inaperçue, ces 9 et 10 mai. D’autant moins qu’elle intervient dans le cadre de la Fête de l’Europe et qu’elle fait écho à la guerre en Ukraine, particulièrement dans l’esprit du célèbre médecin congolais qui dénonce à cette occasion les violences faites aux femmes et l'utilisation du viol comme armes de guerre. "Nous attendons de l’Europe cette solidarité et le retour à la liberté des droits humains, pour lutter contre le mal absolu. Le mal absolu, c’est par exemple ce bombardement d’une maternité de Marioupol qui tue et qui détruit la confiance en l’humanité. L’Europe a cette capacité à dire non. Ce sera la seule manière de réparer", a notamment commenté Denis Mukwege.

"Cela faisait longtemps que l’Université réfléchissait avec la Ville d’Angers, l’association France Kiwi, le CHU et les plus anciens amis du docteur Mukwege, comme le Dr Bernard Crezé, de l’opportunité de monter une exposition sur son combat et les femmes de son pays", soulignait ce lundi 9 mai le président de l’Université, Christian Robledo, au moment d’inaugurer l’exposition photos. Intitulée "Sakife" (qui signifie "santé des femmes" au Kivu) et signée du photographe Christophe Smets, celle-ci est conçue comme un documentaire avec pour objet de rendre hommage à l’engagement du célèbre chirurgien gynécologue, formé au CHU d’Angers dans les années 80 et qui a consacré sa carrière aux femmes victimes de viols dans son pays, en guerre depuis vingt-cinq ans.

En parallèle de l’exposition, visible jusqu’au 9 juin, le Dr Denis Mukwege animera deux demi-journées de conférence à l’Université, à l’appui de son expérience à la clinique de Panzi, qu’il a fondée dans la capitale de Bukavu, en 1999. Le docteur Mukwege a constaté très tôt que la réparation chirurgicale des femmes violentées ne suffisait pas. Aussi a-t-il développé à Panzi une méthode globale de prise en charge. "Cette méthode dite holistique repose sur quatre piliers: une prise en charge médicale, puis psychologique, socio-économique et juridique", explique le docteur, qui aura l’occasion de présenter ce long travail à la faculté de Santé et à la factulté de droit, d'économie et de gestion de l’Université. Ces conférences seront présidées par des amis du Prix Nobel: le Pr gynécologue angevin Philippe Descamps, ou encore la juriste Bérangère Taxil, également parrains du doctorat Honoris Causa décerné à Denis Mukwege par l’Université d’Angers, en janvier 2018. A noter enfin que le cinéma Les 400 Coups diffusera ce lundi soir 9 mai le film documentaire "L’Empire du silence", réalisé l’an dernier par Thierry Michel en République démocratique du Congo.