Environnement

Lors du conseil municipal du 28 janvier, la Ville a lancé l’élaboration d’un schéma directeur du végétal. Cette démarche, inédite en France, a pour but notamment de réaffirmer la présence de l’arbre en ville, avec une stratégie cohérente sur l’ensemble des boisements urbains.

Caroline Gutleben, directrice de Plante et Cité

Installation d’arbres "signaux" qui marquent le paysage par une présence arborée singulière, plantation de 100 000 arbres pour développer les coupures vertes... la Ville a lancé début 2019 différentes actions destinées à réaffirmer la place de l’arbre en ville. Elles seront complétées par un schéma directeur du végétal, dont l’élaboration a été lancée par le conseil municipal du 28 janvier.

Au-delà de l’argument purement paysager, le développement du patrimoine arboré urbain répond à différents enjeux, comme la lutte contre les îlots de chaleur ou la préservation de la biodiversité, entre autres. Revue de détail avec Caroline Gutleben, directrice de Plante et Cité, organisme national d’études et d’expérimentations spécialisé dans les espaces verts et paysages urbains.

Favoriser la biodiversité

"Le végétal en ville peut jouer plusieurs rôles en matière de biodiversité. Les trames et coupures vertes constituent des ‘corridors’, que les espèces vont utiliser dans le cadre de leurs déplacements et migrations. C’est d’autant plus important que l’environnement urbain constitue souvent un obstacle à ces déplacements, qui sont pourtant indispensables à la survie des espèces. Et bien sûr, les espaces végétalisés fournissent ‘le gîte et le couvert’ à de nombreux animaux, qui vont y trouver leur nourriture et de quoi s’abriter. Dans ce schéma, toutes les strates végétales sont importantes, du sol à la cime des arbres. Les arbres en effet permettent aux oiseaux de nidifier et sont nécessaires aux déplacements de certaines espèces, par exemple les écureuils."

Réduire les émissions de gaz à effet de serre

"Les arbres fixent le carbone pour fabriquer leur tronc et leurs branches, et restituent ensuite l’oxygène. A ce titre, ils jouent un rôle très important dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, et donc contre le réchauffement climatique. Des études indiquent qui si, au niveau mondial, la forêt progressait de 1% par an, cela permettrait de compenser la hausse des émissions liées à l’activité humaine. Le sol est également ce qu’on appelle un puits de carbone, à condition qu’il ne soit pas artificialisé mais qu’il accueille au contraire une riche vie organique. En développant les espaces végétalisés, les villes ont leur rôle à jouer dans ce domaine, qui est aujourd’hui un enjeu planétaire majeur."

Améliorer la gestion des eaux pluviales

"Les sols végétalisés absorbent l’eau de pluie, tandis que les surfaces minéralisées vont au contraire favoriser leur ruissellement. Les espaces naturels présents en ville jouent donc un rôle important dans la captation des eaux pluviales. Et là encore les arbres ont une utilité particulière, par leur capacité à pomper l’eau pour la retenir sur la parcelle. Ainsi les villes qui présentent de nombreux espaces végétalisés, avec beaucoup d’arbres, résistent mieux aux épisodes climatiques exceptionnels. Par ailleurs les arbres restituent ensuite l’eau dans l’air ambiant, par le phénomène d’évapotranspiration, ce qui accroît leur rôle de régulateur thermique."

Lutter contre les îlots de chaleur

"La température est plus élevée en ville que dans les campagnes environnantes, avec des écarts qui peuvent dépasser les 4 degrés. Cela s’explique notamment par les matériaux utilisés pour les routes, trottoirs, façades... qui emmagasinent la chaleur et la rediffusent dans la durée. La morphologie des rues peut aussi jouer un rôle, lorsqu’elle piège le rayonnement solaire, fait obstacle au vent et donc empêche la ventilation naturelle. Tout cela contribue à créer ce que l’on appelle des îlots de chaleur. A l’inverse, les surfaces végétalisées stockent beaucoup moins la chaleur. De plus, quand les températures sont élevées, les végétaux et notamment les arbres vont avoir tendance à relâcher l’humidité qu’ils auront captée: c’est l’évapotranspiration, qui elle aussi joue un rôle climatiseur important. Et bien sûr il ne faut pas oublier l’ombrage généré par le couvert végétal. Une façade à l’ombre reçoit moins de chaleur, ce qui veut dire qu’elle en emmagasine et qu’elle en restitue moins."

Marquer le paysage

"L’arbre a une dimension symbolique forte. Il participe à la restauration du lien des habitants avec la nature, parfois ténu en milieu urbain. Cela contribue à créer une ambiance apaisée, qui favorise certains comportements vertueux. Ainsi, dans un environnement où l’arbre et la nature sont très présents, les habitants vont plus facilement se tourner vers des modes de déplacement doux. Il semble également que l’arbre contribue directement au bien-être. Des travaux sont en cours pour mesurer précisément cet impact. Notamment une étude est en cours à Angers, sur l’effet des espaces verts et de la nature sur la santé psychologique des habitants, en particulier sur l’anxiété. Son objectif est d’analyser la perception et le vécu des visiteurs en fonction de l’ambiance végétale alentour. L’étude se déroulera notamment au parc Balzac, qui a l’intérêt de présenter des ambiances très différentes." 

Une trame "verte et bleue" pour des rives vivantes

La "trame verte", végétale, est complémentaire de la "trame bleue" (l’eau) comme refuge de biodiversité notamment pour la faune des zones humides.
A Angers, cette dimension a été prise en compte dans le projet de requalification des berges de la Maine, par le biais de l’opération "rives vivantes", Ouvre une nouvelle fenêtre. En marge des chantiers de grande ampleur menés dans le cadre de Coeur de Maine, principalement au niveau des quartiers centre-ville et Saint-Serge, "rives vivantes" entend travailler sur les petits interstices et micro-espaces qui jalonnent les berges.

Le projet de schéma directeur "patrimoine arboré"

Lancée par le conseil municipal du 28 janvier 2019, l’élaboration du schéma du végétal comprend différents volets, dont un dédié au "patrimoine arboré". Celui-ci a pour but de développer une stratégie globale de foresterie urbaine, qui porte à la fois sur les arbres d’alignement, de parcs, de jardins et squares, sur les boisements d’espaces naturels ainsi que sur les arbres de collection et fruitiers.

Plusieurs actions ont été identifiées :

  • Accroître la connaissance du patrimoine, par la comptabilisation et l’identification précise des arbres, et par un état des lieux de leur situation phytosanitaire.
  • Préserver le patrimoine existant, aussi bien d’un point juridique en protégeant les présences arborées et arbres remarquables, que d’un point de vue sanitaire par la programmation d’un entretien régulier.
  • Renouveler le patrimoine, par une programmation qui intègre le réchauffement climatique (choix d’essences adaptées).
  • Conforter le patrimoine, en identifiant les espaces, parcs, rues... en capacité d’accueillir de nouvelles plantations.
  • Valoriser le patrimoine par des moyens de sensibilisation et de communication, qui intègrent la pose de panneaux d’information, l’organisation de circuits pédagogiques, le développement d’animations par exemple autour des vergers en libre cueillette.

Par ailleurs, des actions concrètes ont été lancées dès le début de l’année 2019. Ainsi, entre janvier et mars 45 "arbres signaux" auront été plantés, répartis dans tous les quartiers d’Angers, pour marquer le paysage environnant par une forme et un développement originaux, spécifiques à leur espèce. La quasi-totalité vient de pépinières locales, du Maine-et-Loire pour la plupart ou de départements limitrophes. Tous ont plus de 20 ans et mesurent entre 4 et 10 mètres.

Sur cette même période ont eu lieu les premières plantations dans le cadre du projet de ceintures et coupures vertes. A terme, ce projet prévoit la plantation de 100 000 arbres, en complément de boisements existants ou sur de nouveaux espaces périphériques d’Angers, pour développer la trame verte du territoire. 

Plantation d'un "arbre signal" fin février à Belle-Beille, devant la salle Claude-Charbol.

110 000 arbres

Le patrimoine arboré angevin est constitué au total de 110 000 arbres.

Parmi eux, on compte 16 000 arbres d'alignement (le long des rues, avenues, boulevards...).

Ces cinq prochaines années, ce sont au total 100 000 arbres qui seront plantés pour développer les trames et coupures vertes.