L'entre-deux-guerres
Comme dans la plupart des villes de France, l'architecture de l'entre-deux-guerres est dominée par le style Art déco, dont la tendance la plus intéressante, mais la plus rare, se rapproche du modernisme par son caractère épuré et abstrait. L'hôtel du banquier Fortin, 38 avenue Jeanne-d'Arc, construit en 1928 par Henri Jamard, en est une parfaite illustration par l'emboîtement de formes géométriques, les toits-terrasses et une simplification extrême du décor et des matériaux.
La maison, 38ter rue du Bon-Repos, de Henri Harmiteau (1937), traduit également une certaine modernité dans le jeu des pleins et des vides et le motif des fenêtres en angle, à la manière hollandaise. On peut encore citer celle de Léon Gautier (1938), 36bis rue Florent-Cornilleau, référence à l'architecture « paquebot » appréciée des avant-gardes.
Mais l'essentiel de la production domestique relève d'une architecture pavillonnaire, souvent à l'échelle d'une rue ou d'un petit quartier (rues Roger-Salengro, Louis-Leroy ou quartier du Lutin), sur la rive principale de la ville. Ces maisons adoptent des formes découpées issues du pittoresque régionaliste, avec toitures à demi-croupe, faux pans-de-bois, mise en valeur de matériaux traditionnels (schiste) : la plus remarquable d'entre elles, 2 rue du Docteur-Guichard, est due à Joseph Girardin (1930).
Rares dans l'entre-deux-guerres, les immeubles de rapport témoignent de différentes tendances, style pittoresque avec l'immeuble du même Girardin, 22ter rue Denis-Papin (1929), modernisme tempéré chez André Mornet, 20 rue de Brissac (1932) et Maurice Lebouc, 6-8 square Alexandre 1er (1933) ; à la fin de la décennie, on discerne l'attraction de l'architecture en brique parisienne dans les immeubles d'André Mornet, 4 rue Jules-Dauban, et de Maurice Moca, 25 rue Delaage, tous deux de 1939.
Dans ces mêmes années, s'amorce le développement du logement social et ouvrier, embryonnaire avant 1914 (cité ouvrière par Théophile Luson, rue Boreau sous l'égide du vicomte de Contades en 1894, série de maisons jumelées par Adrien Dubos pour la Caisse d'épargne en 1913, 37-59 rue de Villoutreys). L'office public municipal d'HBM (Habitations à Bon Marché) est le promoteur de plusieurs lotissements dont Pierre Defois se fait le spécialiste, rue Prosper-Bigeard (1923/25), rue Jean-Orhon (1932), route d'Epinard (1932/34). Ce dernier est le seul de la rive droite, en extrémité nord du quartier de la Doutre. Les autres, peu nombreux au demeurant, se mêlent aux lotissements de maisons individuelles, sur la rive opposée.
De grands établissements ou entreprises ont également leur programme, rue de Villoutreys encore pour la Caisse d'épargne (Ernest Bricard, 1928), rues de Tunis et de Messine pour les Etablissements Bessonneau (Paul Dupuis, architecte parisien, 1932). De manière assez invariable, les maisons adoptent le même style pittoresque avec faux pans-de-bois et couvertures découpées. Seul le lotissement de P. Dupuis présente une apparence plus moderne par sa volumétrie cubique. Citons enfin l'expérience de « maisons économiques » sur catalogue à l'image du 46bis avenue du Général-Patton, livrée en 1928 par l'entreprise rennaise A. Tomine.
Après 1945
La construction domestique après 1945 est largement dominée par l'architecture de masse des grands ensembles. Peuvent être cités pour l'immédiat après-guerre, les immeubles de la rue Maurice-Blanchard (opération dirigée par Maurice Moca), ou le grand ensemble HLM de Belle-Beille, premier du genre en 1953 (secteur de l'avenue Notre-Dame du Lac) sous la direction d'Henri Madelain (architecte M.R.U. - Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme - pour Angers) et Henri Enguehard.
La fin des Trente Glorieuses est marquée par les immeubles sculpturaux de Vladimir Kalouguine sélectionnés par le P.A.N. (Programme Architecture Nouvelle) et réalisés à Angers en 1976 pour l'Office d'HLM, rue de l’Hôtellerie. A l'aube du XXIe siècle, les immeubles du Front-de-Maine de Claude Vasconi intègrent face au château une forte dimension environnementale.
De rares maisons individuelles, de tendances diverses, sont enfin à signaler : celles d'Yves Moignet, 13 rue de Brissac (1951), hommage original et détourné à Auguste Perret, de Pierre Bourineau, 3 rue de la Pyramide (1956), d'un style balnéaire (le maître d'ouvre est en effet de La Baule), de Roger Jusserand, 20 rue Guillaume-Lekeu (1958), exercice inattendu de palladianisme, ou encore de Maurice Moca, 86 boulevard Eugène-Chaumin (1960), qui atteste la diffusion du mouvement moderne dans les années d'après-guerre.