Relations internationales

Le Pr Denis Mukwege reçoit aujourd’hui le Prix Nobel de la Paix. Premier à avoir dénoncé le viol comme arme de guerre, il a été formé au CHU et à l’Université d’Angers dans les années 80.

Le 5 octobre dernier, jour de l'annonce des lauréats du Prix Nobel de la Paix qui le distingue avec l'Irakienne Nadia Murad Basee Taha, le professeur Denis Mukwege était dans son pays natal, sans doute reclus dans sa clinique où il pratique sous haute surveillance. Huit mois auparavant, il avait reçu de l’Université d’Angers, qui l’a formé dans les années 80, le titre de Docteur Honoris Causa, Ouvre une nouvelle fenêtre pour son action auprès des femmes victimes de viols et tortures sexuelles au Congo.

"L’homme qui répare les femmes"

Charisme, générosité, courage, simplicité... Les mots d’éloge ne tarissent pas à l’égard du docteur Mukwege, venu se former à Angers en 1984. Son souhait était déjà de se spécialiser en gynécologie-obstétrique pour "réparer les femmes victimes de guerre et leur redonner leur dignité".

Aux termes de ses cinq années d’études à Angers et en dépit des nombreuses propositions qui lui sont faites, Denis Mukwege décide de rentrer au pays, avec femme et enfants, pour exercer et prendre les rênes de l’hôpital de Lemera, dont il devient le directeur. En 1996, l’établissement est entièrement détruit par un incendie, ce qui l’amène à présider à la construction de l’hôpital de Panzi où il exerce encore à ce jour. Dans la foulée, il créé aussi une faculté de médecine et une école de sage-femme.

"Le viol comme une arme de guerre"

C’est à partir de 1999 toutefois que le viol est utilisé comme arme de guerre. Denis Mukwege est le premier à le définir ainsi et à le dénoncer.

Ces viols concernent des femmes de tous âges, mais aussi des enfants et des nourrissons. A Panzi, l’homme accueille les victimes pour leur offrir une prise en charge globale: chirurgicale, psychologique et sociale. Et il ne s’en tient pas là.

Il joue de sa renommée internationale pour dénoncer les exactions perpétrées par les groupes armés de son pays au profit des trafics miniers. Très vite, il devient une cible. En 2012, il échappe miraculeusement à une tentative d’assassinat. Depuis, c’est sous la protection permanente des soldats de la mission des Nations unies qu’il continue d’exercer.

Si le Prix Nobel de la paix vient aujourd’hui saluer cet engagement, Denis Mukwege a reçu auparavant de nombreuses distinctions: Légion d’honneur, Prix Olof Palme, Prix du Roi Baudouin, Prix Sakharov... Le film "L’Homme qui répare les femmes ou la colère d’Hippocrate", sorti en 2015, retrace son histoire.