Coeur de Maine

Aux greniers Saint-Jean, la deuxième réunion publique consacrée au projet de réaménagement des rives de la Maine a rassemblé 500 Angevins, mardi 18 janvier. Un succès.

Mardi 18 janvier aux greniers Saint-Jean, les Angevins engagés dans les groupes de travail "Berges de Maine" ont lancé une soirée d'échanges ouverte à tous, avec le maire Jean-Claude Antonini et les trois cabinets d'étude sélectionnés pour plancher sur ce projet de très long terme.

Après avoir parcouru à pied le périmètre concerné autour et le long de la Maine, les groupes-projets sont allés visiter Lyon et Bordeaux. Deux villes qui ont réussi la mutation de leur rapport à la rivière. "Il ne s'agit pas de reprendre un réaménagement-type et de refaire à Angers ce qui a été fait ailleurs, ont expliqué les rapporteurs des groupes de travail. Angers a son histoire, ses atouts et ses envies propres, à commencer par ce besoin de rétablir de la vie, de l'animation et de l'activité commerciale sur les berges, pour que chacun en profite, individuellement ou collectivement." Chaque intervenant a souligné d'une même voix l'importance qu'il y a à "rétablir la lisibilité de la rivière", pour l'instant peu visible; de la rendre facilement accessible pour pouvoir la longer d'un bout à l'autre. En gros, de Saint-Serge à La Baumette.

Quel avenir pour la voie des berges ?

Au cours de la soirée, notamment parmi le public, il a été beaucoup question de l'actuelle voie des berges. Jusqu'à entendre l'un des urbanistes concurrents, François Grether, dire "le choc reçu en voyant la présence d'une voie autoroutière aussi proche de la rivière", avant de reconnaître qu'Angers n'est pas la seule ville de France à présenter cette particularité.

Choqués, les Angevins ne semblent pas l'être, mais soucieux d'y trouver une solution pérenne, oui. C'est ainsi que la question de la circulation et des nuisances afférentes, et celle, plus large, des déplacements, a suscité de nombreuses discussions. Et les Angevins de proposer des aménagements dissuasifs pour la voiture: limitation de la circulation à 30 km/heure sur une voie des berges rétrécie, ouverte aux vélos et aux piétons; couverture partielle de ces mêmes voies; création de cheminements piétons afin de permettre à tous les Angevins, quel que soit leur quartier d'origine, de se rendre à la rivière tranquillement…

"Réinventer la traversée de la ville"

Certains membres des groupes-projet imagineraient aussi très bien la piétonisation du pont de Verdun, la réhabilitation du pont ferré de Segré. "Tout ne pourra pas se faire du jour au lendemain, il s'agit d'un projet à long terme mais ce qui est sûr, c'est qu'il va falloir réinventer la traversée de la ville pour rétablir une relation équilibrée entre les habitants et leur rivière", a souligné François Grether. Pour ce faire, les équipes pluridisciplinaires en lice s'appuieront presque toutes sur l'exemple suisse, où la question a une longueur d'avance et où l'espace public semble intelligemment partagé entre les voitures, les piétons, les vélos et les transports en commun.

"Depuis une dizaine d'année, la France fait sa mutation en passant de la nécessité d'aller vite et du tout-voiture à la nécessité de revenir à la maîtrise du temps, a renchéri Bernard Reichen, autre urbaniste engagé sur le projet. Le réaménagement des berges de la Maine en est une illustration. Et la mise en service du tramway va accélérer et rendre évidente cette petite révolution qui participe du même phénomène."

Forte prise en compte des travaux des groupes-projets

Les études issues des groupes de travail angevins seront très sérieusement prises en compte et absorbées par les trois équipes en course. Lesquelles ont expliqué la nécessité pour elles d'un temps de maturation avant d'aboutir à de vraies propositions.

Dans huit mois, toutes trois devront rendre leur copie. Et c'est en s'appuyant sur ces travaux que la Ville d'Angers organisera une exposition ouverte au public. Ce n'est qu'après que le conseil municipal fera son choix en ne retenant qu'une seule équipe pour piloter l'aménagement des berges.

En conclusion, le maire a réitéré "sa grande surprise de voir à quel point les Angevins se sont déjà emparés de ce projet. Vous verrez qu'une fois tout ce travail accompli, il ne sera plus possible pour personne de tourner le dos à la Maine. Ce qui se passe maintenant rend la chose irréversible."

Pour mémoire, les trois équipes pluridisciplinaires en lice sont menées par de grands noms comme les urbanistes François Grether, qui a travaillé sur les berges de Lyon; l'Allemand Finn Geipel, engagé dans le projet du Grand Paris et associé au paysagiste français Michel Desvigne; et enfin Bernard Reichen, associé à la paysagiste Jacqueline Osty et lauréat en 2005 du grand prix de l'urbanisme, décerné par un jury international.