En dépit de l'urbanisation qui atteindra bientôt toutes les limites de la commune, l'architecture rurale est encore bien représentée dans la ville d'Angers. Quelque 120 édifices* dont les deux-tiers antérieurs à 1800 - demeures de villégiature, fermes, maisons de faubourg ou de hameau - témoignent d'un paysage agreste révolu qui définissait, encore au milieu du XXe siècle, plus des trois-quarts du territoire communal (non compris la zone naturelle de l'île Saint-Aubin).
La confrontation de ce patrimoine rescapé à la carte des unités paysagères renouvelle sensiblement le regard porté sur certains quartiers d'Angers. Ces édifices sont naturellement plus présents en périphérie de la ville, en particulier sur les derniers terrains non urbanisés - rocher de la Baumette/crête de Frémur au sud, ou coteau des Capucins au nord-ouest. Mais une vingtaine d'entre eux s'inscrivent dans les zones dites urbaines et de faubourg, principalement sur la rive orientale en lisière de la ville du XIXe siècle, dans des secteurs aussi différenciés que Lafayette/Madeleine au sud, ou Pasteur/Desjardins au nord-est.
Fait plus inattendu, une cinquantaine de ces édifices sont situés dans les quartiers les plus récents d'Angers, essentiellement dévolus au logement (dits paysages résidentiels). Trois d'entre eux se détachent plus particulièrement :
A Monplaisir au nord-est, la plus ancienne des ZUP d'Angers dans les années 1960, caractérisée par un paysage de barres et de tours, les édifices subsistants gravitent en périphérie de la zone d'aménagement. Le manoir du Grand-Nozay, sur le boulevard du Maréchal-Galliéni, et la maison de Monplaisir qui a donné son nom au quartier, en sont les exemples les plus frappants.
Au Lac-de-Maine au sud-ouest, première ZAC d'Angers dans les années 1980 définie par de petits locatifs et un habitat pavillonnaire, la prise en compte d'un réseau de chemins anciens (souvent piétonniers) destinés à la promenade, parallèlement aux voies principales de desserte du quartier, a favorisé le maintien de la plupart des écarts et hameaux.
Dans l'ancien faubourg Saint-Léonard/Saumuroise au sud-est, zone hétérogène liée à une urbanisation progressive sur près d'un siècle et fortement marquée depuis une dizaine d'années par des opérations morcelées de logements (ZAC Saint-Léonard, Justices.), le patrimoine rural émerge ponctuellement sur de vieux chemins de sortie ; mais en dépit du nombre, il est loin d'être reconnu comme un élément constitutif du tissu existant.
Deux autres zones, plus secondaires, sont à signaler : Belle-Beille à l'ouest ne comporte au sein du quartier HLM des années 1950 que la ferme éponyme de cet ancien plateau désertique, mais il s'enrichit des quelques demeures anciennes de la rue de la Barre (premier chemin vers Nantes). Roseraie/Orgemont au sud, constituée dans les années 1960-1970, a fait table rase de tout passé dans sa partie ouest (ZUP de la Roseraie), mais conserve six édifices dans la partie orientale plus tertiaire de la ZAC d'Orgemont.
*Non compris les nombreuses habitations du village de Reculée, dont seul le site a été retenu en tant qu'ensemble remarquable, dans le cadre de cette enquête rapide.