Rénovation urbaine

Deux jours après l'édition par la Cour des comptes d'un bilan mitigé sur la dernière décennie de rénovation urbaine, le ministre de la Politique de la Ville est venu ce jeudi 19 juillet s'inspirer, à Monplaisir, de l'exemple angevin.

Le hasard fait parfois bien les choses. Deux jours après l’édition par la Cour des comptes d’un bilan plutôt mitigé sur le volet social des opérations de rénovation urbaine (ORU), le ministre de la Politique de la Ville, François Lamy, jetait l’ancre, jeudi 19 juillet, dans les quartiers d’ Angers et Trélazé, pour une matinée de visites et de rencontres express.

Objectifs pressentis de cette visite ministérielle surprise: se faire une idée plus précise de l’opération de rénovation urbaine angevine, souvent citée en exemple. Entendre aussi les multiples acteurs qui –sur les aspects de l’insertion et de l’emploi, de la cohésion sociale, de l’éducation, du logement…- ont eu à tester et à faire se croiser les différents dispositifs; puis à en évaluer les résultats. A Angers, l’ORU a permis d’investir 468 millions d’euros, dont 72 subventionnés par l’Etat; de transfigurer et d’équiper cinq quartiers en moins de dix ans; d’y intégrer de la mixité sociale et de l’activité économique.

Mais pour accueillir François Lamy, Frédéric Béatse avait choisi le quartier Est de Monplaisir où tout reste à venir. Depuis deux ans, une opération de rénovation urbaine s’y prépare. Les premiers coups de pioches sont attendus pour 2013; les subventions de l’Etat sont espérées, tout comme le passage stratégique de la deuxième ligne de tramway.

Territoire d’expérimentations ?

"Le projet de rénovation de Monplaisir est porté par les élus, bien sûr; mais aussi et de façon très active par ses habitants et ses associations. Il repose sur une logique urbaine et humaine, une logique de continuité éducative dès le plus jeune âge, sur l’absolue nécessité d’y affirmer des espaces dédiés à l’emploi et à l’activité, et sur une offre de logements adaptés... Nous avons les compétences, le savoir-faire pour mobiliser tous les acteurs dans la même direction; nous sommes prêts à devenir, avec votre soutien, un territoire d’expérimentations", a notamment proposé le maire d’Angers.

"La question des zonages est primordiale dans les dispositifs de la Politique de la Ville. Il faut de mon point de vue travailler à l’échelle d’une ville ou d’un territoire large, et plus seulement à l’échelle d’un quartier comme cela s’est fait jusqu’alors… Il faut réinventer un modèle de rénovation urbaine pour lutter contre l’enclavement, les différences qui se mesurent encore entre un quartier et sa proche périphérie; et cibler les moyens sur le volet social…", a commenté de son côté François Lamy.

Réduire les écarts entre les quartiers pauvres et les autres

Le propos du ministre se comprend à la lecture du bilan de la Cour des comptes. Celle-ci souligne en effet que "dix ans de Politique de la Ville n’ont pas permis de réduire les écarts de développement entre les quartiers prioritaires et les villes environnantes; ni entre les quartiers pauvres et les autres." Un constat que François Lamy semble donc partager et vouloir analyser avant d’allouer de nouvelles subventions.

Pour étayer le volet social précisément, deux jeunes du quartier se sont assis, jeudi matin, à la table du ministre, des élus locaux, en présence du préfet, Samuel Richard, des représentants associatifs, de la Mission locale angevine… Johnny Davy et Maria Gabillard ont pu, tour à tour, expliquer en quoi un dispositif d’immersion dans l’emploi -comme "Jobs divers"- leur avait donné l’occasion de travailler, de façon réelle, de se créer un petit réseau; et même, de se faire une petite idée de ce qu’ils aimeraient faire comme boulot… plus tard.