Origine du projet

Pénétrant au cœur de la Ville, touchant l'hyper centre au niveau du Château du Roi René, la parcelle dite “Parc de Balzac” était constituée à l’origine pour moitié de basses prairies alluviales inondables, et pour moitié d'anciennes décharges contrôlées.

Les premières esquisses ont été tracées dans les années 1989-1990 et l'avant  projet a été reçu  par la Municipalité en 1990. L'étude s'est déroulée de 1991 à 1994 puis le chantier de 1995 jusqu'à 2004 par tranches successives.

Le nombre de paramètres présidant à l'élaboration d'un tel projet a été important ; il a fallu étudier la géologie, la pédologie, la flore, le paysage, l'hydraulique, et aussi l'urbanisme ou la dimension sociologique. Par ailleurs, et compte tenu du volume du projet et de son site, la loi Bouchardeau et la loi sur l'eau s'appliquaient, générant l'obligation d'étude d'impact et d'enquête publique.

Comme il est dit plus haut, près de la  moitié était constituée d'anciennes prairies inondables (dites d'Aloyau), à l'époque traversées par deux fossés reprenant les eaux du ruisseau du Brionneau issues des Parcs St Nicolas, et se jetant dans la Maine.  La partie supérieure du site avait été surélevée de plusieurs mètres de remblais contrôlés constitués de matériaux inertes (gravats) ; seuls quelques hectares y étaient à la fois en position non inondable et non dégradée par les activités humaines.

Aujourd’hui, le parc favorise des liens avec les quartiers Saint Jacques, Belle-Beille et le quartier du Front de Maine. De la même manière s'y tissent des liens organiques et fonctionnels avec les grands espaces végétalisés voisins que constituent les parcs Saint- Nicolas (112 ha) et le parc de Loisirs du Lac de Maine (220 ha) grâce aux liaisons piétonnes qui constituent ainsi une promenade nature de 20 Kms en ville.

Les grands traits du projet

Les orientations majeures se sont articulées autour de 6 points :

  •  S'adapter au terrain et à sa morphologie : ainsi les Basses Prairies ont été maintenues ou transformées en structure de " marais " de façon à n'apporter aucun remblai et à éliminer les surcoûts.
  •  Créer un environnement de " vie ", sous la forme de 120 parcelles de jardins familiaux dont l'un des aspects, au-delà de l'aspect social et humain, est tout simplement d'animer ce parc précédemment déserté par l'homme.
  •  Etablir une liaison paysagère forte entre les parcs de Balzac et St Nicolas contigus et dont le lien organique est le Brionneau qui les traverse (le réaménagement du carrefour situé entre les deux parcs a été réalisé depuis).
  •  Y fonder un espace de " liberté paysagère " sur une partie du parc recevant des graminées, des arbustes à bois coloré, des prairies fleuries en contre point des essences naturelles présentes ou rapportées sur le site tel le frêne oxyphylle, aux bourgeons marrons, arbre ligérien par excellence.
  •  Penser à nos amis les oiseaux et envisager un espace fait pour eux tel un " verger aux oiseaux " planté d'arbres et d'arbustes à baies afin de ramener également la vie animale et l'avifaune.
  •  Enfin, créer « une promenade - point de vue » sur le remblai séparant les Basses Prairies de la Maine. Promenade Yolande d'Aragon

Il avait semblé important à la Ville dans la conception de ce parc, de vouloir surprendre l'observateur, d'où la décision d'adopter sur cette grande surface des espaces de conceptions variées avec des palettes végétales et paysagères très larges : on oppose souvent les fleurs indigènes, introduites ou horticoles ; ici au contraire on a essayé de les associer afin qu'elles jouent en synergie pour la re-création d'un paysage innovant et d'un milieu de grande biodiversité. 

Le parc est composé  :

En partie basse :
D’un espace appelé le "Marais" - en fait un " faux " marais puisque le niveau de la nappe d'eau y est très variable. Saules, peupliers, frênes structurent l'espace et sont destinés à résister à la submersion en fournissant un " paysage multiple " en fonction du niveau de l'eau : paysage sec en fin d'été, paysage dessiné où la trame des  canaux ressort en niveau intermédiaire ou en lac en cas de submersion. Les autres Basses Prairies ont été sommairement réaménagées pour constituer une pâture pour quelques vaches Highlands et Baudets du Poitou, races intéressantes ou en voie de disparition. 

En partie centrale
Des " dunes vertes " sculptées par la main de l'homme et ensemencées de graminées, des cordons d'arbustes à bois coloré, des champs fleuris, des pôles de graminées et le " verger aux oiseaux ". 

En partie haute :

Au sud, les jardins familiaux comprenant 120 parcelles gérées par la Fédération Nationale des jardins familiaux.

Au Nord, création de l'accès majeur du parc constituée par une double et large allée centrale plantée de près de 1100 chênes américains, asiatiques et hybrides provenant d'un contrat de culture avec une pépinière spécialisée de la région angevine. Cet accès est accompagné de parkings, y compris un parking « vert » pour l'été (uniquement) constitué de mélange terre - pierres " armant " le sol et lui permettant de supporter les véhicules légers en période sèche.   

L'idée du développement durable  

Très ancrée à Angers elle a été transversale et présente dans toutes les phases du projet.

Le Marais est alimenté par surverse de la Maine et contrôlé par une vanne électrique afin de constituer par sa fermeture pendant la période de crue une frayère à brochets dans la période printanière. 

Utilisation de fort tonnage de végéterre pour amender les sols plus que pauvres du site dégradé.    

Utilisation d'animaux de pâture pour l'entretien des parties inondables.   

Plantation d'un "verger aux oiseaux" et gestion raisonnée de la fauche des prairies liée aux périodes de nidification.    

Mycorhization des chênes par convention avec l'Université d'Angers (Chaire de Biologie végétale / professeur Strullu).    

L'irrigation du parc (pour environ ¼ de celui-ci) est réalisée à partir d'un puisage en Maine et non de l’eau de réseau urbain.   

Une typologie d'entretien différencié très "nature" où chaque parcelle repérée est caractérisée par un nombre de tontes définies à l'année avec telle machine, tel type de coupe, telle fréquence, évacuation ou non de la matière organique.

La gestion différenciée au parc de Balzac

La gestion différenciée est une notion qui doit être intégrée dès la conception d'un espace végétalisé afin  d'adapter les interventions d'entretien en fonction des caractéristiques géographiques, écologiques, paysagères du site mais aussi de son usage, sa fréquentation et en tenant compte de son évolution.

Ce mode de gestion n'est pas complètement nouveau, mais aujourd'hui, il se met en place de façon plus rigoureuse et formalisée dans le but d'une meilleure prise en compte de divers enjeux :

  •  Economiques : faire face aux  augmentations constantes des superficies à entretenir sans   augmentation des moyens (actuellement à Angers : 550 ha d'espaces verts entretenus par la Ville dont 180 ha de surfaces "gazonnées"). 
  •  Ecologiques : amélioration de la biodiversité des espaces semi-naturels, limitation de l'utilisation des produits phytosanitaires. Préservation de la flore et de la faune. 
  •  Politiques : mise à la disposition du public de grands espaces, retrouver la nature en ville.  Paysagers : reconstitution de milieux proches de la nature 
  •  Techniques : adaptation du matériel, formation des Hommes.

L'élaboration d’un plan de gestion différenciée consiste pour chaque site de déterminer sa fonction, sa vocation et de valider le niveau d'entretien le plus adapté.

Les codes qualité : cette démarche mise en place dans plusieurs villes permet de déterminer le niveau d'entretien à appliquer en fonction de l'analyse d'un certain  nombres de critères : situation de l'espace (centre-ville ou périphérie), niveau de fleurissement, qualité et  fréquence de la tonte, présence ou non d'arrosage intégré, fréquence du nettoyage, niveau de taille souhaité, présence de mobilier, de jeux pour enfants, impact paysager…

Exemple de gestion différenciée appliquée au parc de Balzac

Ce parc d'une superficie de 46 hectares a été  aménagé par tranches de travaux et est composé de milieux très différents : 

- des gazons "classiques" avec arrosage intégré

- des gazons "classiques" sans arrosage

- des zones de sous bois

- une partie de marais

- une partie de dunes gazonnées

- des champs fleuris

- une zone de pâturage 

Après cartographie de chaque type de milieu, nous avons défini nos modes d'intervention (fréquence et matériel le plus adapté). Cette phase ayant été faite en concertation avec les agents chargés de l'entretien.

Exemple de l'entretien appliqué à la zone du Marais : d'une superficie de 11 ha, cette zone inondée l'hiver présente une diversité floristique très intéressante (plantes aquatiques et semi-aquatiques dans les canaux, grandes parties colonisées par des phragmites et pelouse naturelle)

  •  Intérieur du Marais : es prairies floristiquement riches sont fauchées une fois par an début juillet pour en faire du foin. celui-ci nourrira nos animaux (vaches Highland Cattle, Baudets du Poitou, ânes du Cotentin. 
  •  Bordure des allées : le principe d'entretien consiste en une tonte régulière sur 1 ou 2 largeurs de machine (tondeuse rotative avec plateau recycleur 1 m 80 ou 3 m 50). Fréquence moyenne : 15 passages par an. Suivant la hauteur de l'herbe au printemps, nous sommes parfois amenés à utiliser une tondeuse avec ramassage. Ce principe de base d'entretien des bordures d'allées détermine une lisière montrant bien au public qu'il n'y a pas abandon de l'entretien.
  •  Les canaux : les flans sont entretenus à l'épareuse, un passage par an, fin août début septembre. Le fond des canaux (à secs l'été) : 1 fauchage par an fin août, début septembre avec évacuation.

Gestion écologique

Depuis plusieurs années la Ligue de Protection des Oiseaux et la Ville d’Angers travaillent ensemble afin que les aménagements et la gestion du parc favorisent la faune et la flore naturelle.

A ce titre, la LPO a délivré à l’automne 2006 l’agrément « Refuge LPO – jardin d’oiseaux, Formule excellence » au parc de Balzac.

Le travail des jardiniers consiste :

  •  à rationaliser la gestion actuelle dans un souci paysager et de préservation de la richesse biologique,
  •  de préserver les espèces de valeur patrimoniale en adoptant une gestion optimale des zones les plus riches,
  •  de favoriser les espèces auxiliaires en développant des habitats favorables.

Ainsi, la fauche et le pâturage des prairies s’effectuent le plus tardivement possible (fin juin début juillet) pour que le râle des genêts puisse nicher. La fauche est centrifuge, c’est à dire du centre vers l’extérieur de la parcelle, pour permettre aux oiseaux de fuir et de ne pas se faire happer par la machine.

Les grosses branches et les arbres morts sont conservés sur place, en tas. Le bois mort est recherché par les insectes xylophages (mangeurs de bois) comme site de reproduction et les pics épeiches viennent s’y nourrir de larves d’insectes xylophages.

Une belle biodiversité est également présente sur les 50 ha du parc :

- 150 espèces de flore ont été répertoriées dont deux plantes protégées au niveau régional (Inule britannique, Céraiste douteux)

- 66 espèces d’oiseaux mais aussi 13 espèces de mammifères, 12 espèces d’odonates, 6 espèces de reptiles et amphibiens, 18 espèces d’orthoptères et 22 espèces de papillons.

Aujourd’hui 

On ne peut s'y promener sans ressentir l'émotion de paysages harmonieux et recréés : les percées visuelles sur le centre ville, sur le quartier St Jacques, image de village campagnard, y sont tout à fait saisissantes au cœur d'une ville de 160000 habitants. 

De la même manière, l'image des hérons pêchant tranquillement l'alevin au printemps au cœur d'une ville, est tout à fait rassurante. 

Au plan de l'écologie, l'observation de l'avifaune reste un témoin privilégié, l'arrivée de plusieurs couples de râles des genêts, emblème des basses vallées angevines et espèce protégée en Europe, est de très bon augure, sachant que cet oiseau avait disparu depuis plusieurs décennies du site

Enfin, le plaisir de voir les Angevins s'approprier le site et en apprécier le lien avec les grands parcs voisins (Parc de Loisirs et St Nicolas) semble être un gage de réussite.

Parc de Balzac

boulevard du Bon pasteur

49000 Angers

Tél. : Direction Parcs Jardins et Paysages 02 41 22 53 00

Coordonnées GPS : 47.47118 (Latitude) ; -0.57273 (Longitude)