Le Grand-Théâtre
"Ce n’était qu’un cri d’admiration: Paris n’a rien de plus beau! Et c’est la vérité. Paris possède deux ou trois salles de spectacle plus grandes que la notre, il n’en possède aucune qui ne soit décorée avec plus de magnificence et, ce qui vaut mieux, décorée avec plus de goût." (le Patriote, 13-14 novembre 1871)
L’inauguration du théâtre d’Angers, le 11 novembre 1871, sur la place du Ralliement alors en cours d’aménagement, couronne à la fois l’histoire mouvementée des lieux de spectacle angevins et la fin d’un chantier riche en péripétie.
Du marché aux bêtes au théâtre de Mathurin Binet
La plus ancienne salle d’Angers mentionnée comme cadre permanent de spectacle remonte au XVe siècle et se situe alors sur le "marché aux bêtes". Centre de la vie publique jusqu’à la Révolution, celle-ci accueille, pour trois siècles et de manière plus ou moins précaire, l’essentiel de l’activité théâtrale.
L’année 1762 marque une étape décisive: sur une initiative privée est édifiée, au fond d’une impasse dite dès lors de la Comédie, une salle uniquement dévolue à l’art théâtral, qui fermera à la Restauration. Passée l’époque troublée de la Révolution, s’impose aux édiles la nécessité d’un bâtiment public plus adapté à la ville moderne: l’idée d’un théâtre assez modeste sur le flanc sud de la place du Ralliement prend forme, d’autant qu’en cet endroit une autre salle de spectacle avait momentanément occupé, sous le Directoire, les bâtiments de l’ancienne Université et demeurait encore utilisable.
L’architecte de la ville, Mathurin Binet, va concevoir dès 1812 ce bâtiment inauguré en 1825 et d’emblée modeste. Ce théâtre permet l’expression d’un répertoire nouveau: concerts donnés par la Société philharmonique, opéras et opéras comiques. Les représentations d’alors sont constituées de trois parties: un vaudeville, un concert, et un opéra en trois actes clôturant le spectacle. Cependant, le théâtre est ravagé par un incendie en 1865 qui ne laisse envisager aucune restauration.