Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier)

Barrage, dit Chaussée des Treilles, puis pont dit pont des Treilles

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1995

Désignation

Dénomination : barrage ; pont
Appellation et titre : pont des Treilles
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : moulin

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 G 294 à 296, H2 2320, 2321 ; 1980 AO, BR
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre ; Angers Nord
Milieu d'implantation : en ville
Cours d'eau : Maine (la)

Historique

Commentaire historique : Le barrage primitif, ou écluse qui fut à l'origine du site des Treilles, était destiné à retenir une partie de l'eau de la Maine pour entraîner des moulins-bateaux. Il fut construit vers 1170 sur l'ordre d'Henri II, roi d'Angleterre et comte d'Anjou, qui en fit don à l'hôtel-Dieu Saint-Jean l'Évangéliste d'Angers en 1181, pour subvenir aux besoins des pauvres et des malades. Au cours de la première moitié du XIIIe siècle, un déversoir ayant dû être ouvert dans l'ouvrage afin d'éviter les inondations en amont de celui-ci, et sa partie supérieure ayant été amputée lors de la construction de l'enceinte de la ville, les moulins-bateaux étaient devenus obsolètes et furent remplacés par des moulins pendus installés sur des ponts de bois. Depuis le milieu du XIIIe siècle jusqu'au milieu du XVe siècle, l'ouvrage forma la défense de la ville sur la rivière et ses arches libres de moulins étaient obstruées par des treillis de bois ou de métal qui lui donnèrent son nom. Au début du XVe siècle, la chaussée qui était continue depuis la rive gauche jusqu'à la turcie de Boisnet, ou île Saint-Jean, comprenait dix moulins appartenant à l'hôtel-Dieu. En 1437, Jean Duverger, un bourgeois d'Angers, obtint de René d'Anjou l'autorisation de construire une autre chaussée sur le bras droit de la Maine ouvert à la navigation depuis la destruction de la partie amont de la turcie de Boisnet. Sur cette chaussée fortifiée, appelée le Barreau, furent construits quatre moulins pendus. Avant la fin du XVe siècle, un pont, que l'on nomma le pont-Neuf, réunissait le barreau à la chaussée de Saint-Jean, le tout formant le pont des Treilles qui permettait le franchissement complet de la Maine aux piétons et animaux de bât. Au XVIe siècle, le refoul de la Loire dans la Maine causé par les endiguements de plus en plus élevés du fleuve, gênant la bonne marche des moulins, amorça le lent déclin de la meunerie des Treilles. Les grandes crues du XVIIe siècle ruinèrent définitivement les meuniers qui désertèrent la chaussée et furent remplacés par des mégissiers. Malgré de nombreuses réparations au XVIIe siècle, en 1711 la ville dut faire démolir la partie centrale de l'ouvrage devenue dangereuse. La partie côté rive gauche, sur laquelle un établissement de bains s'était installé depuis 1788, fut démolie en 1855. Les vestiges du Barreau et l'Ile Saint-Jean furent ensevelis dans les remblais qui servirent à l'étabissement de la place La Rochefoucauld-Liancourt, en 1890.
Datation(s) principale(s) : 2e moitié 12e siècle ; 13e siècle ; 15e siècle ; 17e siècle

Description

Commentaire descriptif : Le barrage primitif construit vers 1170 pour Henri II, comprenait un duit, appelé "Turcie de Boisnet", ou "Ile Saint-Jean" qui, partant de la rive droite en amont de la ville depuis le village de Reculée, descendait en biais dans le lit de la Maine, sur environ 600 mètres. Un peu en aval de l'hôtel-Dieu Saint-Jean, il obliquait brusquement vers le sud-est, selon un angle d'environ 110 degrés et perpendiculairement au courant, pour former une chaussée d'environ 200 mètres de longueur qui rejoignait la rive gauche au niveau de l'actuelle place Molière. Dans la chaussée étaient aménagés des pertuis à la sortie desquels devaient être postés des moulins-bateaux. Le rôle du duit, ou turcie de Boisnet, était de détourner les eaux basses et moyennes vers les roues des moulins. En cas de crue, les eaux passaient par dessus le barrage, les moulins pouvant être déplacés continuaient de travailler. En raison des inondations provoquées par la digue vers l'amont, le site fut modifié au cours de la première moitié du XIIIe siècle. On adopta un nouveau type de moulin - le moulin-pendu - qui avait l'avantage d'être installé sur un pont, ce qui permettait un meilleur écoulement des eaux vers l'aval. La partie de l'ouvrage perpendiculaire au courant, ou chaussée, fut donc transformée progressivement à partir de la rive gauche. On construisit un tablier en bois porté, peut-être à l'origine par des palées de bois, puis par des piles en moellons de schiste. Avant le XVIe siècle, une partie de la chaussée était constituée d'arches en maçonnerie portant un tablier en pierre. Les moulins construits sur le rebord aval de l'ouvrage ou contre celui-ci, comprenait une maison qui s'ouvrait au niveau du tablier, leur roue étant pendue entre les piles.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille
Matériau(x) de couverture : ardoise
Type et nature du couvrement : voûte en berceau plein-cintre
Type de la couverture : toit à longs pans
Typologie : Moulin à eau pendu.
Etat de conservation : détruit

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : élévation

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Plans et élévations des Grands Ponts et du petit pont des Treilles (bas du doc), par N. Poictevin, [ca 1696].


Illustrations

Fig. 1
Plans et élévations des Grands Ponts et du petit pont des Treilles (bas du doc), par N. Poictevin, [ca 1696].
Fig. 2
Plan de localisation du Pont des Treilles, de ses différents éléments et du tracé des anciennes rives de la Maine (surligné en noir) par rapport à la topographie actuelle. Extrait du plan cadastral de 1980, section BT et AO, éch. d'origine 1 : 1 000.
Fig. 3
Evolution du site des Treilles du 3e quart XIIe siècle à la fin du XVIe siècle. Infographie, Marc Brugier.
Fig. 4
La ville, cité et université d'Angers. Vue cavalière de la ville intra-muros dans l'axe de la rivière depuis l'amont avec figuration du pont des Treilles et l'Ile Saint-Jean, gravure d'après le dessin d'Adam Vandelant, 1576.
Fig. 5
Angiers fait della main du Capite Ercules conte de Senfront. Vue cavalière de l'enceinte et des ponts d'Angers, dont le pont des Treilles et l'île Saint-Jean, [1592].
Fig. 6
Desseins de plans et élévations des ponts situez sur la rivière de Loire et autres adiacentes..., pl. 54, Veue et perspective des grands ponts de la ville d'Angers et du pont des Treilles, vue d'ensemble, par N. Poictevin, 1696.
Fig. 7
Façade des ponts des treilles d'Angers 1717 : projet probable, non exécuté, de reconstruction du Pont neuf, élévation aval.
Fig. 8
Plaque et inscription de la pyramide du pont des Treilles, 1613.
Fig. 9
Elévation de la pyramide du pont des Treilles, dessin, par J. Ballain, 1716.
Fig. 10
Blasons de Martin du Bellay, lieutenant général d'Anjou, de M. de la Porte, commandant du château et de la ville d'Angers sur un monument commémoratif, dit de la pyramide, élevé en 1625 lors du rétablissement du passage sur les ponts des Treilles, 1623.
Fig. 11
Jeton du maire Michel Gohin, revers : le Grand pont (à droite) et le pont des Treilles (à gauche), avec la cathédrale en arrière-plan, vue depuis la rive droite; autour : la devise divisam junximus urbem et la date 1655 (Musées d'Angers).
Fig. 12
Vue depuis l'amont des vestiges du pont des Treilles, partie rive gauche. Vue des anciens moulins de la Halourde et de l'Hommeau, transformés en établissement de bain, dessin, 1840.
Fig. 13
Le vieux pont d'Angers dessiné d'après nature, lithogr., par I. Dagnan, 1829.
Fig. 14
Ruines du Grand-Pont, vue en aval vers 1840. A gauche le terre-plein de la pyramide, en queue de l'île Saint-Jean. Au centre, passage marinier de la Voie Neuve, créé en 1731, entre la pile de la Voie Neuve (à gauche) et les ruines du Pont des Treilles.
Fig. 15
Vestiges du pont des Treilles en 1859, partie entre l'île saint-Jean et la rive gauche, vue depuis l'aval, avec les anciens moulins de l'Hommeau et de la Halourde, transformés en établissement de bains à la fin du 18e siècle, Stanfield, 1859.
Fig. 16
Vestiges du pont des Treilles, entre l'île Saint-Jean et la rive gauche : détail sur l'élévation aval des anciens moulins de l'Hommeau et de la Halourde, transformés en établissement de bains à la fin du XVIIIe siècle, huile sur toile, Stanfield, 1859.
Fig. 17
Pont des Traies, Angers. Vestiges du pont des Treilles, partie rive gauche, vue depuis l'amont. Détail des arches dont les élargissements inférieurs correspondent à des consolidations, lithogr., par L. Parez, 1832.
Fig. 18
Vue du Pont des Treilles, prise de la prairie derrière Boisnet, dessin, par P. Hawke, [v. 1838].
Fig. 19
Vestiges du pont des Treilles, partie rive gauche, vue depuis l'amont. Ancien moulin de la Halourde et à droite, à l'extrémité des arches, la pile de la Voie Neuve mise en place en 1731 et agrandie en 1784, dessin, par P. Hawke, [c. 1840].
Fig. 20
Vieux pont des Treilles à Angers (Maine-et-Loire) : vue de l'amont depuis la rive gauche, avec au centre l'ancien moulin de l'Hommeau, dessin, par J.-J. Champin, [v. 1845].
Fig. 21
Intérieur pont des Treilles, rive gauche, côté de la ville. Le tablier et les deux parapets du pont des Treilles, aux abords de l'ancien moulin de la Halourde, dessin, par A. Michel (?), [v. 1845].
Fig. 22
Pont Treilles - Piles Voie Neuve. Rive gauche. Les deux piles de la Voie Neuve aménagée en 1731 et agrandie en 1784. Vue prise depuis l'aval, dessin, par A. Michel, [v. 1845].
Fig. 23
Pont des Treilles, côté de la ville. Vue des piles de la Voie Neuve et de l'îlot de la pyramide, vestige de la turcie de Boisnet, dessin, par A. Michel, 1846.
Fig. 24
Pointe de l'île Saint-Jean, maisons du quai et vieux Pont des Treilles, vers 1875. Les pieux visibles au 1er plan font probablement partie de la structure primitive du duit (Ile Saint-Jean ou turcie de Boisnet) construit en bois, terre et pierre.
Fig. 25
Pont des Treilles, rive droite, pris du Rideau, côté Doutre. Vestiges de la chaussée et des arches du Barreau, face aval, dessin, par A. Michel, 1846.
Fig. 26
Quai St Jean et pont des Treilles, rive droite côté Doutre. L'extrémité de la chaussée du Barreau se rattachant à la rive droite et la grande arche marinière, dessin, par A. Michel, [v. 1845].
Fig. 27
La Chaussée du Barreau. La grande arche marinière et les voies des deux premiers moulins, face amont, dessin, par P. Barbot, 1837.
Fig. 28
Plan géométrique de la ville d'Angers, dressé d'après les éléments du cadastre, 1844, donnant l'implantation exacte des deux extrémités de la chaussée par rapport au bâti et au réseau viaire et l'état de la chaussée au milieu du 19e siècle.
Fig. 29
Vestige du pont des Treilles, côté rive gauche, face aval, avec l'ancien moulin de l'Hommeau transformé en établissements de bains, huile sur toile, Stanfield, vers 1859.
Fig. 30
Vestiges de la chaussée du Barreau : la grande arche marinière, face amont, photogr., [s. n.], 3e quart du 19e siècle.
Fig. 31
Vestiges de la chaussée du Barreau : la grande arche vue depuis l'amont, photogr., 3e quart 19e siècle.
Fig. 32
Vestiges de la chaussée du Barreau : la grande arche vue depuis l'aval, photogr., [n. s.], 3e quart 19e siècle.
Fig. 33
Vestiges de la chaussée du Barrau : face amont de la chaussée avec les arches et voies des moulins, au fond, la grande arche marinière se raccordant à la rive droite, photogr., [s. n.], 3e quart du 19e siècle.
Fig. 34
Vestiges de la chaussée des Treilles, vue prise depuis les tours de la cathédrale : l'île Saint-Jean et l'une des piles de la Voie Neuve, détail d'une photogr., [v. 1880].
Fig. 35
Pour extrait conforme au plan des quais à Angers soumis à l'enquête en 1844. Projet de construction d'un quai sur la rive droite de la Maine, devant l'hôpital Saint-Jean, avec position des vestiges de la chaussée du Barreau, dessin, par Ad. Fourier, 1846.
Fig. 36
Pour extrait conforme au plan des quais à Angers soumis à l'enquête en 1844. Projet de construction d'un quai sur la rive droite de la Maine, devant l'hôpital Saint-Jean, avec position des vestiges de la chaussée du Barreau, dessin, par Ad. Fourier, 1846.
Fig. 37
Remblaiement de la place des Arts. Réclamation Maupoint, 1890, établie sur un fond de plan antérieur aux travaux d´aménagement de la place La Rochefoucauld commencés en 1877 : état avec l´île Saint-Jean et les vestiges de la chaussée du Barreau.
Fig. 38
Jeton du maire Michel Gohin, face, portant ses armes et l'inscription : Mr Gohin escuier maire de la Ville d'Angers, [1655], (Musées d'Angers).
Fig. 39
Vestiges du pont des Treilles en 1859, partie entre l'île Saint-Jean et la rive gauche, vue en aval : détail sur les bateaux situés au 1er plan à gauche (vers la rive droite). En arrière plan, maisons du quai de l'Hôpital, Stanfield, 1859.
Fig. 40
Vue générale des bâtiments à l'est, le long de l'ancienne rue du Godet. De gauche à droite : bâtiment conventuel en arrière plan, portail d'entrée de l'Ecole des Arts-et-Métiers et ateliers de la forge et fonderie, photogr., fin 19e siècle.
Fig. 41
Atelier de fonderie : pignon est, sur l'ancienne rue du Godet (avec les vestiges du pont des Treilles au 1er plan et l'entrée de l'ancienne rue Saint-Jean à droite), photogr., fin 19e siècle.
Fig. 42
Le Pont des treilles au XVIIe siècle. Reconstitution du pont des Treilles tel qu'il pouvait apparaître entre 1650 et 1672 d'après les plans et élévation de Nicolas Poictevin, dessin, par E. Denoux.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, L'urbanisme

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Cussonneau Christian. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)