S’attaquer aux mots trop grands ne fait peur ni à Louise Emö, ni aux membres de sa compagnie, la PaC – la Parole au Centre. Débordants d’une énergie vitale, d’une urgence de jeu absolu, ils se frottent la peau au suicide, à l’envol et au gouffre, dans une performance à la théâtralité brute.
L’autrice, metteuse en scène et slameuse revient nous faire entendre la langue singulière de sa percutante performance, dont elle avait déjà présenté une étape lors de la précédente édition du Festival. C’est une lettre à ses acteurs qui ouvre le bal, où elle fait allusion à sa grand-mère Monique, suicidée sans laisser de mot. Ce tremplin autobiographique met en branle la machine à jouer : on se jette à corps perdu dans une odyssée acharnée, de celles où tous les moyens (du théâtre) sont bons, pour tenter de rétro-sauver Monique. On danse la détresse avec ivresse. La Mouette survole le tout, symbole de l’existence de Nina, de Louise ou de Monique. On cherche chez Corneille un appui dans ce trop-plein ; chez les stars du désastre, un soutien ; dans les mélodies grandioses de l’opéra, un réconfort. Les performers incarnent à curseur élevé, se donnent tout entiers, dans des morceaux de bravoure individuels ou au milieu des cyphers. Louise Emö fait se côtoyer l’outrance et le sublime, la grâce et le style, la rythmique pure et la diction du spoken word. La faille personnelle devient forum cathartique et ludique. Le flow est poétique, les codes de jeu éclatés. Le spectacle parolé, choral, et effronté.
