Le Centre technique parcs et jardins est basé square Edouard Guinel à Angers, et permet la production des végétaux pour les jardins de la ville d'Angers.

Histoire

En 1929, à la mort de Michel Bouvet, directeur du jardin des Plantes, tous les jardins d’Angers sont réunis en un seul service, confié à l’ingénieur Jean-Baptiste Dupic.

Il a déjà créé de nombreux squares, place La Fayette, Lorraine, boulevard Carnot, devant le palais de justice, dans les fossés du château. Sous sa direction (1929-1938), la décoration florale des jardins se développe encore.

Dans les années 30, c'est le jardin des Plantes qui produit les végétaux pour la ville


Mais il faut disposer de quelque 160 000 à 200 000 plantes chaque année ! À lui seul, le jardin du Mail en réclame 60 000. Aucune fleur n’étant achetée à l’extérieur, c’est le Fleuriste municipal, ancêtre du Centre horticole actuel, qui est chargé de les produire.

Or, jusqu’à la fin des années 1930, tout vient d’un espace réduit, au jardin des Plantes : des grandes serres bâties en 1845 et 1847, des châssis et petites serres adossées à la rue Bardoul.

La moitié des grandes serres est dans un état de délabrement tel que la température peut y descendre à 1° au-dessous de zéro en hiver. L’autre moitié a été réparée tant bien que mal pour la conservation des petites plantes.

Une petite serre chaude de 30 m2 adossée à la rue Boreau sert pour les semis délicats et la conservation des orchidées. Deux serres de fortune, construites par les seuls moyens du service en utilisant des panneaux de couches, sont utilisées pour les pieds mères et les boutures.

La surface totale des serres n’est que de 300 m2. Des panneaux de couche couvrent 908 m2. Le jardinier-chef dispose d’un terrain de repiquage de 1 200 m2.

L’outil est si insuffisant que, « quand des professionnels visitent notre pauvre installation, rapporte Dupic dans son avant-projet de nouveau Fleuriste, ils se montrent surpris et peuvent à peine croire que dans des conditions semblables, on puisse produire des plantes qu’ils admirent par contre dans nos jardins ».

Étant donné cette situation, la Ville ne dispose d’aucune collection de plantes ornementales, vertes ou à fleurs, pouvant servir à la décoration des fêtes officielles. De plus, le manque de terrain de culture ne permet pas de conserver de plantes après la réalisation des jardins en juin.

Si des plantes meurent pendant l’été, il est impossible de remplacer les vides des massifs. En même temps, le plan d’embellissement de la Ville, définitivement adopté en 1934, prévoit la création de nouveaux jardins. Comment faire face aux besoins de l’avenir, quand on n’y parvient pas pour le présent ?

L'arrivé d'un fleuriste municipal, dans les anciennes pépinières André-Leroy, quartier de la Roseraie


Marcel Mocquard, conseiller municipal et horticulteur, pousse un cri d’alarme : si l’on ne renouvelle pas les moyens à disposition des jardins, Angers perdra de son prestige et sera éclipsée par les villes voisines qui font des efforts considérables pour améliorer leurs jardins publics.

En juillet 1934, Jean-Baptiste Dupic rédige un avant-projet avec plan et devis estimatif d’un nouveau Fleuriste municipal.

Il propose de l’aménager dans les anciennes pépinières André-Leroy, rue de Létanduère, dont la Ville a acheté plus de dix hectares en 1931 pour les lotir, aux lieux-dits Beauval et les Chaffauds.

Le Fleuriste serait établi en bordure de la rue de Létanduère (actuelle avenue Maurice-Tardat), entre le boulevard de ceinture projeté (boulevard Eugène-Chaumin) et le chemin de Salpinte.

L’établissement serait séparé du boulevard de ceinture par une zone de 30 m de largeur, réservée à la construction d’immeubles. Il resterait donc pour le Fleuriste un terrain d’environ 2,3 hectares, dont une partie – 7 580 m2 – serait consacrée à un jardin d’essai, ouvert au public.

L’ensemble des serres et bâches formerait une surface vitrée de 1 912 m2. Une grande serre de 6 m de largeur et de 6 m de hauteur, de 45 m de longueur, avec pavillon central, abriterait les grandes plantes décoratives. Six serres vouées à la culture seraient réunies par une galerie centrale pour faciliter les manutentions. Seize bâches seraient réservées aux bouturages, semis et élevage des petites plantes.

Le jardinier disposera en plus de 1 000 m2 pour ses semis et repiquages. Des planches de culture sont prévues sur 3 000 m2. 500 m2 de hangars doivent être construits du côté du chemin de Salpinte. En bordure de la rue de Létanduère seront élevées deux maisons d’habitation, l’une pour le jardinier-concierge et l’autre pour le chef jardinier.

Quant au jardin public, il sera planté de collections de plantes vivaces, d’arbres et d’arbustes et servira de jardin d’essai pour les nouvelles variétés. Dupic y prévoit deux bassins, l’un pour la culture des nymphéas, l’autre décoratif. Au milieu du jardin, les enfants profiteront de deux terrains de jeux.

Réalisation échelonnée du "Fleuriste municipal"

Pour ne pas effrayer le conseil municipal, Dupic – qui chiffre l’ensemble à une dépense d’un million de francs – assure que l’exécution de ce projet pourra s’échelonner sur plusieurs années.

Il demande cependant, étant donné l’urgence, que le principe de la création d’un fleuriste municipal soit adopté sans tarder, afin que le terrain soit mis immédiatement à disposition. Il est entendu par le conseil. Le cahier des charges du lotissement des terrains de Beauval et des Chaffauds, du 9 février 1935, réserve au Fleuriste municipal la parcelle de terrain comprise entre la rue de Létanduère, le boulevard projeté et le chemin de Salpinte.

Le terrain a dû être mis aussitôt à disposition du service des Jardins, mais les premiers aménagements de serres ne se font qu’en 1942. Pour la maison du gardien, on demande à la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Ouest de fournir une maison en bois.

Au conseil municipal du 19 novembre 1941, le maire félicite les pépiniéristes Marcel Mocquard et François Delaunay qui se sont beaucoup occupés de cette affaire. L’aménagement des serres est certes très progressif, mais il est déjà étonnant que dans cette période de pénurie, ces travaux aient pu être réalisés : deux sont installées en 1942, deux en 1943, le chauffage par thermo-siphon dans deux des quatre serres neuves en 1947. Deux nouvelles sont fournies en 1948, quatre autres en 1949 pour achever l’équipement.

Des arbres sont plantés : François Delaunay, 100 route des Ponts-de-Cé (là où sera la concession Volvo en 2019, à l’angle des actuels boulevards Joseph-Bédier et de Lattre-de-Tassigny) fournit 300 acacias et 70 charmes. Les pépinières Levavasseur, 148 route des Ponts-de-Cé, vendent des thuyas, 200 érables, 20 vernis du Japon et 25 peupliers d’Italie.

La roseraie municipale basée sur l'actuel jardin de la Roseraie, avenue Tardat


L’ensemble est terminé en 1950.
Le beau projet de 1934 n’a pas été entièrement réalisé. Le plan du jardin s’est allongé le long de la rue de Létanduère et sa composition s’est simplifiée : pas de bassin aux nymphéas, pas de jeux pour les enfants.

En revanche, une fort belle roseraie y est créée en 1949, « la plus belle roseraie de l’Ouest à Angers » titre Le Courrier de l’Ouest du 3 juin 1950, enthousiaste. Elle attire l’œil des promeneurs avec 400 variétés de roses, réparties en 4 000 rosiers, étiquetés avec soin.

La roseraie occupe l’ancien jardin du dahlia, déplacé dans un autre secteur du jardin. Un article du 16 septembre 1950 apprend aux lecteurs qu’il n’y a que deux jardins d’essai du dahlia en France : à Sceaux et à Angers, dans une partie du Fleuriste municipal des Chaffauds. « Des Hollandais, des Luxembourgeois, des Belges, des Anglais, des Scandinaves, n’hésitent pas à faire un long déplacement et à venir admirer et juger plus de 200 variétés. »

Un nouveau reportage, le 12 juillet 1954, vante « la roseraie municipale » : « Le service municipal des jardins a montré là son grand talent et accompli une réussite incomparable. Au centre, un bassin où l’eau coule légèrement en jets minuscules et que domine un joli groupe artistique. C’est plein de fraîcheur […] Ici, ce sont de hautes tiges couronnées de roses. Là, des bandes plus ou moins larges et dont la forme varie souvent, garnies de rosiers nains, qui font admirer leurs multiples couleurs, éclatantes et harmonieuses.

Véritables tapis fleuris et chatoyants. […] À chaque extrémité, de larges arceaux sont enveloppés de rosiers grimpants, blancs ou rouges. Et vous avez ainsi un ruban d’allée couverte où l’on aime se promener, en savourant le parfum délicat qui s’en dégage.

Ajoutez que, de ci, de là, vous apparaissent quelques fleurs autres que les roses. Elles ont pour but de faire mieux ressortir l’éclat de la roseraie. […] Il y a là une demi-heure pleine d’enchantement à passer. On se dit, en sortant, qu’Angers est, décidément, une magnifique cité. » Et cette roseraie a donné son nom au vaste quartier qui se  construit au sud d’Angers à partir de 1966.

Un nouveau Centre horticole


En 1971, la roseraie occupe 7 535 m2. Le Fleuriste municipal proprement dit avec les serres couvre une superficie de 13 056 m2. Au milieu des serres se trouve une orangerie. Vers Salpinte, deux annexes triangulaires de 3 594 m2 abritent les ateliers et magasins.

Un logement de fonction pour le gardien a été bâti en 1960. 300 000 fleurs d’été sont cultivées chaque année, 8 000 chrysanthèmes, 70 000 fleurs bisannuelles, des dizaines d’arbustes et de conifères.

Malgré tout, le Fleuriste municipal n’est pas encore suffisant pour produire toutes les plantes nécessaires à la ville, notamment les arbres d’alignement.

Dans les années 1950, ils sont cultivés près de l’étang Saint-Nicolas, sur trois hectares.

Vingt ans plus tard, c’est le parc de Pignerolle qui est mis à contribution pour ces cultures, alors que le magasin et le parc des véhicules-engins sont au Doyenné, dans les anciens bâtiments des Verreries Mécaniques de l’Anjou.

En 1984, ce sont 400 000 plantes à massifs qu’il faut produire, 60 000 fleurs coupées et les plantes vertes pour l’atelier de fleuristerie chargé de réaliser les compositions florales de l’hôtel de ville et des buffets de réceptions.

Le Fleuriste municipal ne répond plus aux besoins.

La Ville achète les anciens établissements horticoles du premier promoteur du Fleuriste municipal, Marcel Mocquard, au lieu-dit la Fauconnerie, square Édouard-Guinel.

Dès novembre 1984, les horticulteurs et cultures sous serre y sont transférés, puis, progressivement d’octobre 1985 à janvier 1988, le magasin du Doyenné, les ateliers, véhicules et engins.

L’inauguration officielle du nouveau Centre technique des parcs et jardins (CTPJ) ou serres municipales, le 10 mai, est suivie d’une journée portes ouvertes. 2 000 visiteurs sont accueillis par une soixante d’agents des Espaces verts.

Quant à l’ancien Fleuriste, il est loué jusqu’en 1986 à la société Flor 49, qui dépose son bilan le 30 avril.

En 1987, les serres les plus neuves sont vendues à la Ville de Mayenne. Le plan d’occupation des sols est révisé pour rendre partiellement constructible le terrain (superficie des anciennes serres, devenue lotissement de la rue Abel-Ruel), à l’exception de l’ancienne roseraie.

Celle-ci est bien déchue de sa splendeur, réduite à un simple square de pelouses, où seul subsiste le bassin central orné d’un groupe d’enfants en fonte, œuvre de la fonderie Durenne à Sommevoire, en Haute-Marne.

Le nom du lieu, gravé en belles anglaises, est conservé sur une plaque d’ardoise à l’entrée : « La Roseraie ». Quelques rosiers toutefois ont survécu le long de la haie sur l’avenue, en plein sud. À leurs larges souches, on mesure leur ancienneté. L’un d’eux a même conservé son étiquetage d’origine : un rosier Michèle Meilland.

Mais un groupe d’habitants s’est mobilisé pour faire revivre la roseraie. Son projet a aboutit en 2018 avec l’aide de la Direction Parcs Jardins et Paysages à la création d'un jardin partagé : le jardin de la Roseraie.

Pour en savoir plus :

https://www.angers.fr/vivre-a-angers/la-nature-a-angers/les-parcs-et-jardins-publics/patrimoine/parcs-et-jardins/jardin-de-la-roseraie/index.html, Ouvre une nouvelle fenêtre