Un chef-d’oeuvre de l’Art Déco
L'architecture
Le standing de cette opération immobilière requiert un emplacement privilégié : un terrain est négocié à l'angle du boulevard de Saumur - aujourd’hui boulevard Foch - et de la rue d'Alsace.
Roger Jusserand dessine un projet architectural inspiré à la fois des conceptions des architectes hygiénistes (auxquelles répondent l'immeuble à gradins et l’emploi de mosaïques) et du mouvement Art Déco célébré à l'exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925.
Il propose la construction d’un immeuble à gradins de 7 étages, le plus haut d'Angers, réalisé en béton armé et dont la structure - côté boulevard et rue d'Alsace - est intégralement recouverte de mosaïques. Sa façade est scandée de lignes verticales avec les bow-windows* et d'horizontales par les motifs de frises, plates ou plissées, les balustrades et les jardinières. L’alignement se décale aux cinquième et sixième étages laissant place à des terrasses qui dominent le boulevard.
L’originalité de la Maison bleue réside dans sa partie décorative raffinée, la mosaïque. Celle-ci recouvre l’intégralité de la façade et s’adapte par son dessin à la composition de l’édifice. Le rez-de-chaussée réservé à l’accueil de boutiques est traité de manière sobre, dans les tons ocres jaunes en grès cérame, et de manière progressive des motifs de moellons, de faisceaux, de volutes dorées apparaissent en gradation pointilliste beige et bleue - avec des pâtes de verre, des émaux et des ors -, évoluant vers un bleu uni au dernier étage qui évoque le ciel.
Sa situation d'angle lui offre la possibilité d'aménager deux entrées indépendantes munies d’un escalier et d’un ascenseur. Les entrées de l'immeuble, aux couleurs bleu-violet soutenues et aux motifs de formes triangulaires, comportent des décors extérieurs assez différents du reste de la façade. L'intérieur des vestibules, plus sobre, dispose de lambris de losanges verts et noirs et de paillassons en damier gris et beige.
Un unique escalier dessert les niveaux, laissant les propriétaires et le personnel emprunter le même parcours. Toutefois deux portes d'entrée sont aménagées par appartement, l'une menant au "Grand Hall" et l'autre à la cuisine. Chaque appartement est équipé de sonnettes qui les relient aux chambres du personnel logé au septième étage.
Seul un appartement est décoré intégralement dans le style Art Déco. Il s'agit de l'appartement d’Albert Durand, entrepreneur de la Maison bleue. Conquis par le style Art Déco, ce dernier commande la décoration de l'un de ses appartements à Odorico. Orné de lambris noir habité de perroquets colorés, un petit dégagement donnant sur le vestibule accueille la clientèle et la mène vers le bureau. Une salle de bain bleue et or marque le point d’orgue de la décoration de l’appartement.