Galerie David d’Angers, Bibliothèque municipale
Un " chef-d’oeuvre exceptionnel " André Mussat
Ouvert en 1984, le musée David d'Angers, consacré à l'oeuvre du sculpteur angevin (1788-1856) est situé dans l'abbatiale Toussaint à l'architecture originale dont l'histoire est sans doute la moins connue des cinq abbayes que omptait la ville d'Angers.
Un modeste oratoire et cimetière
Vers 1040, une aumônerie dédiée à Notre-Dame et à Tous-les-Saints est fondée par Girard, chantre de la cathédrale d'Angers. Un prêtre choisi par le chapitre Saint-Maurice est chargé de visiter les indigents, les assister au moment de leur mort, les faire inhumer et célébrer des messes pour les défunts. La dédicace par l'évêque Hubert de Vendôme intervient avant 1046 et un cimetière attenant à l'aumônerie accueille les sépultures des pauvres sans domicile fixe. De par sa fondation et sa situation proche des murs et de la porte orientale de la Cité, sur le fief de Saint- Maurice, cet établissement conserva des liens de sujétion vis-à-vis de l'évêque et de son chapitre. Pourtant l'aumônerie appartiendra un temps, vers 1049-1062, aux moines de la Trinité de Vendôme qui y trouvèrent refuge en attendant,
sans doute, l'achèvement de leur monastère de l'Esvière.
La plus petite et la dernière fondée des abbayes d'Angers
En 1102-1103, des chanoines réguliers venus d'Airvault en Poitou y sont établis par l'évêque Renaud de Martigné. Ils répondent à l'idéal de réforme du clergé en s'efforçant de mener une forme originale de vie commune associant vie contemplative et activités pastorales (charité, desserte de paroisses). Ils sont appelés réguliers car soumis à la règle de saint Augustin dont le premier promoteur dans le diocèse d'Angers fut Robert d'Arbrissel. Le premier abbé, Robert, est mentionné en 1118. L'abbaye constitue au XIIIe siècle un réseau de trente-cinq dépendances, pour la plupart des paroisses, dans les diocèses d'Angers, du Mans, de Nantes, de Tours et de Rennes. Les fondations de la première église abbatiale ont été retrouvées en 1981-1982. Cette église avait une nef unique prolongée par trois absides semicirculaires et mesurant près de 30 m de long pour 15 m de large. Le tuffeau n'était utilisé que pour la façade et l'abside.
Le chef-d'oeuvre du gothique de l'Ouest
De l'abbaye médiévale ne subsiste que la remarquable église du milieu du XIIIe siècle au plan original en tau* implantée sur la première abbatiale. Ouvrant sur la rue par une porte sculptée du XVe siècle, une petite cour en contrebas donnait accès à l'église. La façade était encadrée par deux tours surmontées de lanternons hexagonaux actuellement disparus. Le portail, très dégradé, n'a plus son tympan qui représentait le Couronnement de la Vierge par deux anges. Au-dessus, une grande fenêtre éclairait la nef toute en tuffeau. Seuls les soubassements extérieurs de l'église sont en schiste. La nef, à quatre travées, aboutit à un transept qui possède encore deux baies à remplage* sur les quatre de l'ancien choeur. Le mur bahut lisse, marqué par une corniche, contrastait avec l'importance décorative de la voûte qui nous est connue par un dessin de Donas d'après une peinture du XVIIIe siècle. Le berceau nervuré complexe de la nef retombait sur de fines colonnes supportées par des statues sous dais. Les clés de voûte historiées ne nous sont pas parvenues, mais on conserve encore quatre des dix-neuf statues dont saint Pierre et saint Jean-Baptiste. A l'entrée du choeur-transept, deux minces colonnes isolées supportaient les retombées de voûte qui ont fait l'admiration des architectes du XVIIIe siècle. Soufflot, bâtisseur du Panthéon à Paris, les fit relever en 1764. Toussaint, qualifié de "chef-d'oeuvre exceptionnel" par l'historien d'art André Mussat, puise son inspiration aux abbayes d'Asnières et de Saint-Serge et dans le porche détruit de la cathédrale. Si l'on veut se faire une idée de l'architecture de cet édifice religieux, il faut aller voir l'église de la Madeleine et surtout celle de Saint-Thomas d'Aquin, rue Jean de La Fontaine, réplique conçue par l'architecte Adrien Dubos pour le couvent des Dominicains.